Anecdotes

Aux sources de la revue Parasciences

 

J’ai récemment été interviewé par L. R. Béranger pour son blog « Reporter de l’au-delà » et cela a été l’occasion de me remémorer les prémices de cette revue.

Comme on m’interroge de temps à autre sur ce sujet, j’ai repris les parties concernées de l’interview pour en tirer, non sans une certaine nostalgie, ce petit article…

 

Mais comment en est-on arrivé là ???

 

Reporter de l’au-delà : Dans quelles circonstances avez-vous conçu l’idée de créer un magazine traitant du domaine du paranormal ?

 

JMG : Par mégalomanie, bien sûr, mais aussi dans le souci de passer une info originale et la plus objective possible sur tout ce qui est marginalisé dans la culture contemporaine.

L’élément véritablement déclencheur – il y en a toujours un – a été le rocambolesque “visionnage” d’une interview à la télévision en 1975. J’avais 22 ans et des rêves plein la tête. L’anecdote est drôle, je vous la raconte. À l’époque, les téléviseurs couleur étaient assez chers et la couleur… c’est toute ma vie. J’ai fait les Beaux-Arts, j’aurais aimé être artiste peintre, je ne mets que rarement des lunettes de soleil pour ne pas gâcher le plaisir de voir les couleurs réelles. C’est dire !

Il m’a donc fallu une télé couleur, mais, à l’époque, la technologie était récente et je n’avais pas les moyens de m’en payer.

Il se fait que les Russes avaient commercialisé un appareil bon marché (de marque Komix, si j’ai bonne mémoire) mais qui, sur les trois chaînes existant alors, ne permettait de voir, avec des couleurs approximatives, que la première et la seconde. La troisième était comme une radio : on avait le son mais, en guise d’images, il y avait un superbe écran noir. J’en ai acheté un, trop heureux de l’acquisition d’un appareil issu de la technologie soviétique et pesant dans les 50 kg. Moi qui ai toujours pesté contre les soviets, j’en avais pour mon argent !

Voilà que passe un soir, sur la troisième chaîne toute noire, l’interview, par Jean-Louis Servan-Schreiber, d’un intellectuel qui m’a beaucoup marqué et avec qui j’ai longuement échangé ensuite par courrier. Il avait pour nom Jacques Ellul. Le thème portait sur son dernier ouvrage, Trahison de l’Occident.

Ce fut une rencontre particulièrement étrange et frustrante. Toujours est-il qu’après l’émission, j’ai acheté son livre, je l’ai lu (ça arrive parfois qu’on ne lise pas les livres qu’on achète) et j’ai contacté Jacques Ellul qui m’a gentiment répondu. J’ai entamé avec lui une assez longue correspondance. Bref, discutant par courrier avec Ellul de l’influence des gens riches sur l’actualité, celui-ci m’expliqua qu’à ses yeux, la vraie richesse, ce n’est pas l’argent que l’on possède, mais la capacité que l’on a de s’exprimer et de diffuser ses idées.

Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et, bien que bigleux à cause de la troisième chaîne et de son écran noir, j’ai laissé cette réflexion prospérer dans un coin de ma petite cervelle, convaincu que, pour pouvoir m’exprimer, moi qui avais tant à dire, il fallait que je dispose de mon propre organe de presse. Rien que cela. Passant aux actes, j’ai créé deux ans plus tard, une petite association (l’IRSP : Institut de Recherche sur les Sciences Parallèles) et nous avons sorti un premier bulletin. Il a fallu ensuite attendre 12 ans de balbutiements pour que Parasciences voie le jour, le temps que je fasse quelques essais ratés, que je m’achète un vrai poste de télé couleur et que ma cervelle mûrisse.

 

Reporter de l’au-delà : Avez-vous une anecdote concernant la création de ce magazine ?

 

JMG : Lors de la préparation du premier numéro de Parasciences, en 1988, les ordinateurs arrivaient tout juste sur le marché. Un Mac coûtait dans les 15 000 euros… je n’avais pas les moyens d’acheter un de ces objets de rêve. C’est un ami (Patrick Fuentes), qui se faisait subventionner pour un club d’astronomie amiénois, qui m’a “prêté”, tant le matériel que le personnel pour réaliser ce premier numéro. Il y a même écrit un article en me promettant la suite pour le numéro 2.

 

 

Le premier numéro de Parasciences… un numéro sans lecteurs…

Nous en sommes au numéro 115 et j’attends toujours l’article en question. Ç’a été, durant plus de 25 ans, un sujet de plaisanterie entre lui et moi. Maintenant qu’il a quitté ce bas monde, il ne me reste plus qu’à faire appel à un médium pour avoir – enfin – cette suite tant attendue. Amis Tcistes, amis médiums : c’est à vous de jouer !

 

Reporter de l’au-delà : Vous avez également fondé les Éditions JMG, Comment est-ce que tout cela a commencé ?

 

JMG : En plusieurs étapes. En réalité, l’idée des livres a précédé la revue.

Parasciences est le fruit de plusieurs tentatives avortées. Il y a eu un premier bulletin (en 1977) qui s’appelait Cratère. J’en ai réalisé 3 ou 4 numéros qui ont été imprimés sur l’Offset d’un ami qui m’a prévenu d’emblée : « Je t’aide parce que je t’aime bien, mais, surtout, ne t’imagine pas que tu vivras de ça un jour ! »

En regardant un des quelques exemplaires qui restent dans mes archives, je m’aperçois que la thématique était exactement la même qu’aujourd’hui, ce qui prouve que je souffre d’un syndrome obsessionnel qui n’a jamais été traité.

Ensuite, en 1982, si j’ai bonne mémoire, j’ai rédigé deux petites brochures, l’une consacrée à la synarchie, la passion de ma vie, et l’autre aux sciences parallèles (déjà !). J’en ai encore quelques exemplaires que je montre fièrement car ils sont le fruit d’un travail de dingue. Souvenez-vous que les ordinateurs grand public n’existaient pas à l’époque, ce qui posait des problèmes techniques. Si l’on voulait imprimer quelque chose, il fallait passer par un imprimeur, ce qui revient cher. Or, je voulais que ça fasse comme un vrai livre et que le texte soit justifié, c’est-à-dire aligné à la fin de chaque ligne, ce qui n’était pas possible avec une machine à écrire. J’ai donc, ligne par ligne, calculé le nombre d’espaces blancs que je devais insérer pour arriver à ce brillant résultat.

 

Justification du texte artisanale…

 

 

Cratère… l’ancêtre de Parasciences

 

Un travail de Romain !

Ce n’est qu’ensuite, en 1988, que le premier numéro de Parasciences a vu le jour avec son format A4.

La revue réalisée, il fallait la “lancer” en lui trouvant un lectorat. Je l’ai trouvé grâce au père Brune qui a été, pour la revue comme pour beaucoup d’autres choses, l’homme providentiel. Il a ensuite fallu attendre quelques années pour que l’idée des livres revienne au-devant de mes préoccupations. Les choses se sont enchaînées de manière logique.

 

 

 

La toute première fois où j’ai vu le père Brune… il passait à « Ciel mon mardi » pour y présenter son livre Les morts nous parlent…

Son aide pour la création de JMG éditions et le lancement de Parasciences a été essentiel !

Un livre…

En 1995, j’ai publié un livre aux éditions du Rocher et j’ai participé à quelques émissions télévisées. Cela a contribué à asseoir la revue Parasciences.

Jusqu’alors, le statut juridique qui couvrait la revue était associatif (l’IRSP mentionné plus haut). En 1997, l’association s’est transformée en SARL et j’ai officiellement créé JMG éditions.

L’idée des livres a donc suivi un cheminement logique : quand vous avez 10 articles qui traitent du même sujet, l’idée vous vient de les regrouper. Ce que j’ai fait.

J’ai commencé par faire coller (pour avoir un dos carré collé) des petits hors-série dans un centre de formation professionnelle.

 

Un des premiers hors série de la revue…

 

Et puis je me suis dit que ce serait bien de rééditer de vieux livres tombés dans le domaine public. C’était sans risque vis-à-vis des auteurs.

J’ai suivi cette logique, ce qui m’a amené chez un distributeur qui m’a fait confiance. Ensuite, quelques auteurs sont venus me solliciter… et c’est parti.

Bien sûr, au début, ça a été une galère sans nom car j’ai toujours tout fait sans le moindre argent devant moi. Il m’a donc fallu remplacer l’argent que je n’avais pas par de l’imagination. J’ai loué un photocopieur, me suis fait escroquer par une boîte célèbre, ce qui m’a amené à acheter une presse Offset pour finir par revenir à l’impression numérique… ensuite j’ai acheté un thermorelieur, puis j’ai loué une imprimante laser couleur… Je vous passe les détails et les crises de nerfs.

Aujourd’hui nous sommes trois – les mêmes qu’au début – à faire tourner l’ensemble de JMG éditions.

De l’idée de base à la réalisation des livres, tout est fait chez nous selon une formule qui m’est toute personnelle. Il est très rare que je fasse sous-traiter les impressions, ce qui limite les stocks… Cela donne beaucoup de travail en contrepartie mais permet une production souple et adaptée…

Vous allez me demander : « Si c’était à refaire ?… »

Et je vous répondrai : « Si c’était à refaire je le referais, en essayant de perdre moins de temps, éclairé par mon expérience. » Mais cette réponse, si elle est juste dans le fond, est vaine dans la forme car, comme le disait Lao-Tseu : « L’expérience est une lanterne qui éclaire le chemin parcouru… »

Je vais donc continuer et commettre de nouvelles erreurs et résoudre des problèmes que je n’ai pas anticipés. Ça fait partie du jeu de la vie !

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Jean-Michel Grandsire

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