Une partie d’échecs par TCM

Un article de François Brune
La médiumnité, encore appelée « transcommuniation mentale », présente des bases solidement étayées.
Cette partie d’échecs présentée par François Brune dans cet article va au-delà d’un simple jeu et nous plonge au coeur du mystère des contacts avec l’autre monde…
Voici une partie d’échecs entre deux champions, mais avec cette particularité que l’un des joueurs est dans l’au-delà, depuis longtemps, tandis que l’autre est encore bien vivant sur terre pendant toute cette partie. Le professeur Werner Schiebeler, auquel j’emprunte ce cas vraiment unique, en a publié une relation plus détaillée dans un ouvrage paru en allemand en 1989.
Voici dont le résumé de cette partie pour le moins singulière, telle qu’elle m’a été racontée par le professeur Werner Schiebeler peu avant sa mort.
Les différents protagonistes
Présentons d’abord les différents protagonistes de cette étrange histoire : le Docteur Wolfgang Eisenbeiss est suisse, joueur d’échecs et passionné par la parapsychologie et tout ce qui tend à prouver la survie immédiate après la mort. C’est lui qui a mis en œuvre cette partie d’un genre très spécial, précisément pour apporter le plus d’indices possibles de la réalité de la survie.
Depuis quelques années, il avait fait la connaissance de Robert Rollans (1914-1993). Musicien et compositeur, mais aussi médium doué pour l’écriture automatique, ce dernier entrait ainsi en relation avec des défunts, et sa main, mue par une autre force que sa propre volonté, en transcrivait les messages.
Précisons que Rollans ne connaissait rien aux échecs et qu’il se montrait même incapable de placer correctement les pièces sur un échiquier. C’est ce qui donna l’idée au professeur Eisenbeiss d’utiliser les dons de médium de Rollans pour organiser une partie d’échecs entre un mort, vivant dans l’au-delà, et un vivant sur Terre. Le but d’Eisenbeiss était d’arriver à prouver, par cette mise en scène, que non seulement les morts continuent à vivre, mais qu’ils n’ont rien perdu de leur personnalité. Cependant, la démonstration ne pouvait être convaincante que si le jeu atteignait un niveau si exceptionnel qu’il ne pouvait plus y avoir de doute sur la qualité de « maître des échecs » du joueur de l’au-delà. Il fallait donc pour cela des joueurs d’exception, des deux côtés du voile qui sépare nos deux mondes.
Le professeur Eisenbeiss
Le professeur Eisenbeiss parvint à convaincre Victor Kortchnoï, joueur russe mais vivant alors en Suisse depuis quelques années, de se prêter à cette recherche. Kortchnoï s’était mesuré à deux reprises à son compatriote Karpov pour le titre de champion du monde, en 1978 et 1981. C’était chaque fois Karpov qui l’avait emporté, mais cela importait peu. Le niveau nécessaire était tout de même largement garanti ! Restait à lui trouver dans l’Au-delà un joueur à sa mesure.
Un joueur de taille
Eisenbeiss fournit donc à Rollans une liste d’une douzaine de champions d’échecs décédés, en lui demandant d’essayer d’entrer en contact avec eux par voie médiumnique et de voir si l’un d’eux ne serait pas disposé à tenter l’expérience. L’un d’eux, effectivement, accepta et même avec plaisir, après avoir obtenu l’accord de son guide spirituel dans l’au-delà. Ce fut Géza Maroczy, ancien champion hongrois (1870-1951) mais qui n’avait jamais fait des échecs son occupation principale et donc n’en vivait pas.
Tout était désormais en place mais, avant que la partie ne s’engageât, Eisenbeiss voulait autant que possible s’assurer de l’identité de l’individu qui, dans l’au-delà, prétendait être l’ancien champion hongrois.
On sait que, malheureusement, les « esprits farceurs » sont nombreux et beaucoup d’entre eux essaient de s’attribuer des personnalités prestigieuses. Tous ceux qui s’intéressent de près au paranormal le savent. Eisenbeiss demanda donc à ce prétendu Maroczy, par l’intermédiaire de Rollans, de lui fournir un résumé circonstancié de sa vie sur Terre. Cela donna un récit de plus de quarante pages, reçu en écriture automatique par Rollans. Dans le même temps, Eisenbeiss demanda à un historien hongrois, Laszlo Sebestiev, de lui fournir une documentation sur Maroczy, soi-disant pour l’aider dans la rédaction d’un ouvrage qu’il avait entrepris sur ce joueur d’échecs. Laszlo Sebestiev fournit un travail important, pour lequel il obtint même la collaboration de deux enfants, déjà âgés, de Maroczy.
Geza Maroczy
Epreuve supplémentaire, Eisenbeiss fit demander à Maroczy, toujours par l’intermédiaire de Rollans, s’il se souvenait de la partie qu’il avait soutenue et gagnée contre un certain Romi, en 1930, à San Remo. II ne s’agissait pas d’une joute connue, mais ce match avait comporté des moments intenses avec retournement de situation. Maroczy fit d’abord remarquer que le nom correct de ce joueur était Romih, avec un h à la fin, puis il confirma :
« J’avais un ami de jeunesse qui s’appelait Romih. C’est lui, alors, qui me battait. Je l’estimais beaucoup, mais par la suite je ne l’avais jamais revu. Et voilà que des décennies plus tard, lors d’un tournoi à San Remo, en 1930, qui vois-je arriver ? Mon vieil ami Romih. Et c’est ainsi que j’ai joué avec lui une des parties les plus captivantes de toute ma carrière. II y eut des moments où non seulement ceux qui suivaient la partie me donnaient perdant, mais où moi-même, qui suis pourtant de tempérament optimiste, je me voyais battu. Mais, à la fin, j’ai eu tout à coup une idée et j’ai gagné. À soixante ans, j’ai pris ma revanche sur une partie perdue contre Romih du temps de ma jeunesse. Finalement, je fus neuvième à ce tournoi qu’Aliéchine remporta tandis que mon ami Romih fut seizième et dernier. »
Le doute n’était plus possible. La partie pouvait commencer !
Le 15 juin 1985, Rollans recevait donc en écriture automatique le message suivant, émanant, apparemment, d’autres trépassés qui resteront anonymes :
« Cher ami, nous attendons désormais que tu commences. Nous avons pu enfin amener maintenant Geza Maroczy. Comme c’est le début, deux d’entre nous sont là. Nous servirons d’intermédiaires. Mais il va d’abord essayer lui-même d’écrire avec ta main. Il y est. (Suit alors en hongrois) Je suis Maroczy Geza. Je vous salue. »
Il y avait donc, dans l’au-delà, au moins deux autres entités, probablement déjà habituées aux communications avec notre monde, et prêtes à assister Maroczy s’il avait quelque difficulté technique.
C’est ainsi que la partie commença en 1985. Les choses se déroulaient comme suit : dans le logement de Rollans, il y avait en permanence un petit jeu d’échecs portable mis en évidence. Les pièces y étaient disposées selon les derniers coups qui avaient été joués. Maroczy, à partir de l’au-delà, voyait où en était le jeu, préparait le coup suivant et le transmettait par écrit en se servant de la main de Rollans. Celui-ci habitait Bad Pyrmont, en Basse-Saxe. II communiquait le nouveau coup de Maroczy au Dr Eisenbeiss, à Sankt Gallen, et celui-ci le faisait savoir à Kortchnoï. Kortchnoï, à son tour, calculait un nouveau coup dont il informait Eisenbeiss qui le communiquait à Rollans. Celui-ci alors déplaçait sur son petit échiquier les pièces correspondantes, ce qui permettait à nouveau à Maroczy d’en prendre connaissance et de préparer son coup suivant. Comme Kortchnoï et Rollans étaient tous deux très pris par leurs obligations professionnelles, la réalisation d’un nouveau coup pouvait prendre des semaines et même des mois. Rollans et Kortchnoï ne s’étaient jamais connus auparavant et n’avaient ainsi aucun contact direct.
Après le 27e coup, en septembre 1987, la partie fut interrompue quelque temps, Rollans ayant dû déménager et rester longtemps hors de chez lui pour des raisons professionnelles.
Victor Kortchnoï
Commentaire sur la première partie
Le 13 septembre 1987, Kortchnoï commentait ainsi la première partie de ce jeu pour le journal zurichois Sonntags Zeitung :
« J’ai commencé par gagner un pion et j’ai pensé que la partie serait vite finie. C’est surtout dans la phase d’ouverture que les faiblesses de Maroczy se sont révélées. II a un jeu démodé. Mais je dois avouer que mes derniers coups n’étaient pas très convaincants non plus. Je ne suis plus aussi sûr à présent de remporter la partie. Maroczy a compensé entre-temps ses erreurs initiales par l’adresse de son jeu final. C’est à la phase terminale que l’on reconnaît la qualité d’un joueur : mon adversaire joue très bien. »
Le 1er août 1991, la partie en était à son 43e coup. Eisenbeiss décrivait alors ainsi comment il voyait le rapport de force entre les deux joueurs :
« Si on examine de près la situation, il est clair que Kortchnoï se trouve en meilleure position. Dans la finale de la tour, il a une tour et trois pions, tandis que Maroczy n’a plus qu’une tour et deux pions. J’ai l’impression que la partie finira en peu de coups, mais je ne veux pas devancer l’événement. Quand la partie sera terminée, une analyse complète permettra d’en suivre le déroulement. »
Le 11 février 1993, Maroczy abandonnait la partie qui en était à son 48e coup. Il n’avait plus que le roi et deux pions, Kortchnoï son roi et trois pions, avec la certitude de pouvoir très rapidement échanger l’un d’eux contre une reine. La victoire lui était donc alors assurée. Ainsi finit cette partie qui dura 7 ans et huit mois. Quelques jours plus tard, le 2 mars 1993, c’était la fin de la vie de Rollans en ce monde.
Le 29 juillet 1988, le professeur Schiebeler s’était rendu chez Rollans, à Bad Pyrmont, en Basse-Saxe, pour lui demander comment il avait vécu personnellement cette étrange partie d’échecs. Voici ce que Rollans lui répondit :
« Au cours de ma relation médiumnique avec l’au-delà se manifestent deux états : le premier est une demi-transe à laquelle je suis habitué et qui ne me laisse après coup aucun souvenir ; c’est alors que Maroczy prend le contrôle de ma main et met ses pensées sur le papier. C’est le cas le plus fréquent et depuis des années, je m’y suis habitué. Le deuxième état est nouveau et ne s’est produit que pendant cette partie d’échecs. Maroczy réfléchit à plusieurs tactiques possibles. Il m’appelle alors intérieurement et me montre les différentes possibilités auxquelles je ne devrais normalement rien comprendre puisque je n’ai jamais joué aux échecs de ma vie. Je m’assois alors devant l’échiquier réel et Maroczy me montre en esprit comment il pourrait déplacer les pièces. J’ai l’impression alors de comprendre parfaitement les raisonnements de Maroczy quand il me montre les coups qu’il envisage et les ripostes possibles de Kortchnoï. Je me sens dans ces moments-là intelligent, pénétrant et subtil comme si j’étais un grand joueur d’échecs. Ces sentiments durent le temps que Maroczy m’explique ses raisonnements.
Mais quand il m’a abandonné, je reste assis devant l’échiquier, consterné, et je ne comprends plus rien à la partie et aux coups de Maroczy. Je ne me rappelle même plus en détail ce que Maroczy m’a raconté. Il ne me reste plus que le souvenir d’avoir pu, juste avant, tout comprendre facilement. Pour poursuivre la partie, Maroczy m’appelle par télépathie et écrit par ma main les combinaisons de lettres et de chiffres qui indiquent comment déplacer les pièces. Je le communique ensuite à Eisenbeiss, par lettre ou par téléphone. »
Illustration engendrée par IA
Des trous de mémoire…
Lorsque la relation médiumnique est rompue, Rollans ne se rappelle plus rien. Il se souvient seulement que, pendant cette relation, il pouvait tout suivre et comprendre. Ce dernier détail correspond tout à fait à ce que nous rapportent de nombreux témoins d’EFM (Expériences aux Frontières de la Mort). Ils ont oublié tout ce qu’on leur a montré pendant cette expérience, mais ils se rappellent quand même qu’à ce moment-là ils avaient percé tous les secrets de l’existence et de l’univers. Souvent même, on les avait prévenus dans l’au-delà qu’en revenant sur Terre ils auraient tout oublié.
Un cas convaincant
Ce cas est certainement un des plus convaincants en faveur de la survie. La thèse qui prétend toujours pouvoir expliquer ce genre de situations par des projections du subconscient est difficilement soutenable. Certains sceptiques essaieraient sûrement de démontrer que Rollans, musicien et compositeur, ignorant tout des échecs, a fort bien pu, sans s’en rendre compte, puiser dans l’inconscient universel les lois du jeu d’échecs et donc que son subconscient, sans qu’il sache comment, a très bien pu répondre coup pour coup au jeu de Kortchnoï, sans qu’à aucun moment quelque défunt ait eu à intervenir. C’est par la même méthode, toujours inconsciente, qu’il aurait puisé dans la Mémoire universelle les détails de la vie de Maroczy obtenus par Rollans lors de sa mise à l’épreuve.
Plus intéressants sont les commentaires faits par Armin Risi, expert en échecs, sur le déroulement des différentes phases de cette partie. (…) Il signale toute une série de coups qui sont classiques mais qui, d’après lui, ne sont connus que de joueurs entraînés. Puis il commente les mots de Kortchnoï trouvant le jeu de Maroczy « démodé ».
« II ne voulait pas dire que son jeu était ennuyeux ou d’un style poussiéreux. Au contraire, « démodé » fait allusion au style romantique « à la hussarde » de l’attaque précédente, comme, par exemple, cette attaque avec la reine. Autrefois les noirs ripostaient la plupart du temps avec la petite roquade ou avec sf5… mais, depuis, les noirs connaissent une suite qui est risquée, mais aussi très prometteuse, comme de longues analyses, étalées sur plusieurs années, l’ont démontré. »
Un peu plus loin encore, Armin Risi commente les conséquences de la dernière attaque des noirs.
« Les blancs reconnaissent aussitôt la situation inconfortable dans laquelle ils se trouvent et Maroczy trouve une défense qui constitue en fait l’aveu que son ouverture a été malheureuse, mais qui, avant tout, écarte toute menace. Un joueur inexpérimenté n’aurait jamais trouvé cette parade, mais aurait peut-être par orgueil poussé l’attaque plus avant… »
Et Risi de conclure en résumé :
« Par suite de son ignorance des dernières connaissances théoriques, le joueur des blancs s’est trouvé désavantagé, dès son ouverture ; cependant, maître de ses nerfs, il a pu soutenir jusqu’au bout le jeu exceptionnel de son partenaire. Cette capacité, ainsi que la juste appréciation de sa situation et de la valeur de son adversaire, révèlent la haute qualité du joueur de l’Au-delà qui correspond bien à un grand maître comme Maroczy. »
J’ajouterai, pour finir, ce que Maroczy lui-même a tenu à préciser sur le sens qu’il donnait à cette expérience extraordinaire, avant même que la partie ne fût achevée :
« J’ai été et je reste à la disposition de cette étrange entreprise de partie d’échecs pour deux raisons.
Premièrement, parce que je voudrais moi aussi faire quelque chose pour aider l’humanité vivant sur la Terre, afin qu’elle croie enfin que la mort n’est pas la fin de tout, mais que l’esprit se détache du corps charnel et monte vers nous, dans le nouveau monde d’en-haut, où la vie de l’individu continue de se manifester dans une dimension nouvelle et inconnue.
Deuxièmement, parce que je suis un patriote hongrois et que je voudrais attirer un peu l’attention du monde sur ma chère Hongrie. Ces deux motifs m’ont convaincu de la nécessité de participer à ce jeu, dans l’espoir que je rendrais ainsi service à tous. »
Hélas ! Comme le dit sans illusion le professeur Schiebeler, « personne ne s’intéresse à de tels cas. Et donc… ils n’existent pas ! »
Le professeur Schiebeler
Complément : La Transcommunication Mentale et Instrumentale : Une Mutation en Cours
François Brune explore l’évolution de la transcommunication (TC), distinguant la TransCommunication Instrumentale (TCI) et la TransCommunication Mentale (TCM). La TCI utilise des appareils électroniques (magnétophones, radios, ordinateurs) pour établir des communications avec l’au-delà, tandis que la TCM repose sur des méthodes psychiques telles que l’écriture automatique, la médiumnité ou la typologie.
Un cas fascinant de TCM est lié : une partie d’échecs entre Viktor Kortchnoï, un joueur vivant, et Géza Maróczy, un ancien champion décédé. Grâce à Robert Rollans, un médium, Maróczy a pu participer depuis l’au-delà. Cette partie, étalée sur près de huit ans, a révélé des compétences remarquables de Maróczy, confirmant son identité et son talent. L’expérience, soutenue par des témoignages crédibles, interroge sur la survie de la conscience après la mort.
Cette étude met en lumière le potentiel des modes de transcommunication pour apporter des indices sur la continuité de la vie après la mort, malgré les limites actuelles des outils scientifiques et des préjugés sur le sujet.
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