François BruneHommagesRevue Parasciences

François Brune, hommage à un théologien trop peu connu

Un article de Mickaël Lopez

 Le père Brune est très apprécié pour ses enquêtes sur les miracles, son ouverture à la médiumnité et son discours plein de générosité qui témoigne de son amour de Dieu. Mais sa théologie, moins abordable, est peu connue. Dans la mesure où elle m’a particulièrement touché, je vais essayer d’en rendre compte en partant de ma propre expérience spirituelle.

La beauté du recueillement et de la prière

Bien qu’issu d’une famille non-pratiquante, dès le catéchisme (catholique) j’ai été marqué par la beauté du recueillement et de la prière. À l’âge de dix ans, je lisais la Bible et m’intéressais aux religions, et à l’église, en ma qualité de servant d’autel (enfant de chœur), je percevais la profondeur mystique de la messe.

J’étais bien parti pour envisager sérieusement le sacerdoce. Hélas ! Entre une société matérialiste et une Église trop moraliste, le doute s’est installé. Un doute affreux, où vous ne savez plus quoi penser de l’être humain et de la vie, un doute qui vous bloque dans tous les aspects de votre absurde existence. Alors, vous ne tenez que par devoir et respect envers les autres.

Puis, comme beaucoup à notre époque, c’est en me tournant vers les témoignages médiumniques que ma raison a pu dépasser ce doute et que mon cœur a pu retrouver le sens de la Vie. Je retrouvais la foi dans son sens le plus basique : la reconnaissance de la Vie et de la Personne, tout au fond de soi.

Cependant, la méditation, ce n’est pas la même chose que le recueillement devant Dieu. Le Dieu personnel de la religion qui, plus que les guides et les défunts (mais sans les ignorer), vous fait éprouver le plaisir intense d’être aimé.

Le père Brune que je ne connaissais pas alors, insistait là-dessus : Dieu n’a pas de corps, il est pur esprit, mais c’est bel et bien une personne. « La personne est le centre de décision, d’action et de relation » (1). « On ne voit pas vraiment Dieu, mais on le sent en soi ». Même à propos de Jésus qui eut pourtant un corps, le père Brune citait le défunt Alain Tessier : « Nous le sentons fortement en nous plus que nous ne le voyons. Nos corps s’imprègnent de lui et ce sont les meilleurs moments. Pas tout le temps, ce serait trop beau ! » (2)

Superbe cliché de François Brune pris par son ami Michel Bellon

Quoi de plus énergétique que la Passion du Christ ?

Entre la religion et la médiumnité, il y a beaucoup de préjugés. Les critiques de part et d’autre ne sont pas infondées, mais elles sont caricaturales. Il est abusif de ne voir dans la médiumnité que du charlatanisme ou des entités trompeuses, avec de fausses promesses de bonheur. Tout comme il est abusif de ne voir dans la religion qu’une croyance communautaire qui n’aurait rien à voir avec la spiritualité.

Mais ce qui me posait le plus problème, c’était le sens profond de la Passion du Christ.

Rejoignant sans le savoir la théologie du père Brune, à l’approche de Noël 2019, je m’interrogeais :

« Même réduit à l’état de mythe, comment passer à côté d’un Dieu d’amour qui s’incarne pour partager jusqu’au bout notre vie humaine ? ! Le Christ, en tant qu’archétype de l’homme cosmique, est le Sauveur transgénérationnel de la grande famille humaine ; et la Croix, le pylône régénérateur qui absorbe la force du mal, casse son cercle vicieux, et la transforme en une force d’amour. C’est là une profondeur de sens que n’ont pas les mythes initiatiques, qui restent à un niveau individuel. Au final, quoi de plus énergétique que la Passion du Christ ? ! Et pourtant, que ce soient les théologiens ou les médiums, tous passent à côté ! »

« Et aussi les philosophes », ajouterait le père Brune, en pensant à Frédéric Lenoir qui, dans Le Christ philosophe (Plon, 2007), assimile le mystère de la Croix au dolorisme.

« Les péchés, l’égoïsme, l’orgueil des hommes font qu’à un moment cette accumulation de mal doit être purgée. Ce sont les faibles, les innocents qui finalement triomphent de la violence, en la subissant. Le mal s’épuise sur eux. Et c’est ainsi qu’il sauve même leurs bourreaux. Tout le christianisme est là, à commencer par le martyr du plus innocent de tous, par la Passion de Jésus, la Passion de Dieu.

Arrêtons de dénoncer le dolorisme n’importe comment. Oui, il y a eu des exagérations (…). Mais en dénonçant le dolorisme, c’est la plupart du temps ce mécanisme même de la Rédemption que l’on refuse. Frédéric Lenoir (…) est passé complètement à côté du christianisme. (…) Les saints qui reçoivent les stigmates et revivent la Passion du Christ ne l’ont pas cherché. (…) C’est la majorité des mystiques qui se trouvent entraînés dans cette association étroite à la Passion. » (3)

La Passion, c’est un peu l’histoire du grand frère qui vient faire la leçon à son cadet révolté. L’aîné sait qu’il va être mal accueilli, et même qu’il va s’en prendre une. Mais justement, il va servir de défouloir, et son message passera d’autant mieux dans l’esprit libéré du cadet.

La Passion, c’est le médicament qui agit dans notre organisme, sans qu’on s’en rende vraiment compte. Le Christ est le médicament, la Présence agissante. Après, c’est à nous de travailler à notre propre guérison. Ainsi, il y a le « salut de la nature » (le terrain à régénérer) et le « salut de la personne » (4) (la vitamine à laquelle le patient devra ajouter sa propre volonté).

La Passion, c’est la régénération mystique et énergétique, par le Dieu incarné, de la nature humaine qui nous lie tous, dans le respect de nos libertés personnelles.

La découverte des écrits du père Brune

C’est au moment où je me faisais les réflexions citées plus haut, entre médiumnité et foi chrétienne, qu’à la fin de l’année 2019, aux alentours de mes 35 ans, je découvris, via les entretiens de Yann-Erick du site « Élévation », les travaux du père Brune et leurs trois axes principaux : les miracles, la transcommunication et la théologie.

À travers son œuvre, qui établissait des ponts non seulement entre la théologie, la médiumnité et la science, mais aussi entre les orthodoxes, les catholiques et les Pères de l’Église, je redécouvrais le Dieu de l’Évangile, le Dieu d’amour et de lumière qu’autrefois j’éprouvais au fond de moi, dans le recueillement et la prière.

« Un Dieu qui est le même pour tous, baptisés ou non, croyants ou non, qui n’attache pas grande importance à la transgression des lois de l’Église et qui ne nous demande que d’apprendre à nous aimer les uns les autres comme il nous aime lui-même. » (5)

Avec le père Brune, l’homme n’est pas un misérable pécheur qui mérite la damnation éternelle, et auquel le Dieu tout-puissant fait gentiment miséricorde, grâce au sacrifice de son Fils, avant un Jugement dernier incertain. Non ! Ici, l’homme est un enfant égaré que Dieu attend désespérément, et auquel Il ne peut pas s’empêcher de venir en aide en embrassant mystérieusement sa déchéance, dans le respect de sa liberté.

Renvoyant, comme souvent dans ses livres, à la parabole de l’Enfant prodigue (Luc 15, 11-32), le père Brune se défend : « Ce n’est pas moi qui brode, c’est le Christ Lui-même, c’est Dieu qui nous raconte cette histoire dans l’Évangile de saint Luc, pour nous faire un peu deviner, à travers cette histoire, son propre Amour. » (6)

Une théologie concrète et cohérente

Ce qui fait la force de la théologie du père Brune, ce n’est pas seulement l’ouverture d’esprit et l’amour qui en émanent. C’est aussi sa cohérence issue de l’expérience mystique, laquelle n’est rien d’autre que la forme décuplée à son maximum de la vie spirituelle, avec au milieu la médiumnité qui a toute sa place.

Ici, les grands mystères chrétiens (la double nature humaine et divine de Jésus, et la Trinité) retrouvent la compréhension qui a amené les Pères de l’Église à les ériger en dogmes. Certes, ces mystères dépassent nos sens et notre rationalité terrestre (ce en quoi ce sont des « mystères »), mais ils n’échappent pas à une certaine logique.

Or, l’Église latine a fait de ces mystères, non seulement des mystères dépassant les sens, mais aussi des mystères dépassant la raison. Aussi, les fidèles sont-ils invités à accepter ces « vérités de Foi », en faisant tout simplement confiance au Magistère de l’Église qui a hérité de l’autorité du Christ. Et voilà la religion catholique qui se réduit elle-même à un simple ensemble de croyances sans fondement, et qui légitime la critique qui veut que l’Église soit « dogmatique », au sens obscurantiste du terme.

Mais, la vérité, c’est que ces dogmes ne sont pas nés sur un coup de tête des Pères de l’Église, qui se seraient réunis pour poser des affirmations sans réfléchir. De même que les premiers chrétiens étaient loin d’être des adeptes de la « foi toute pure », pouvant se passer de surnaturel. De même que les apôtres Pierre et Jean n’ont pas cru tout de suite, de façon aveugle, le témoignage des femmes revenant du tombeau de Jésus.

Au fil des siècles, l’Église catholique s’est enfermée dans la doctrine, et elle a oublié la rationalité concrète dans laquelle elle s’est forgée, tout comme la Science s’est enfermée dans l’hyper-objectivité, et a oublié la foi enthousiaste dans laquelle elle est née.

À propos du Corps mystique du Christ, qui est vraiment le corps de chacun d’entre nous (7) (l’Incarnation au sens mystique du terme), le père Brune écrit :

« Que voulons-nous dire au juste par cette affirmation fantastique ? Qu’est-ce qui se cache sous nos mots ? Disons-le franchement : nous ne le savons pas nous-mêmes, mais pas plus qu’un savant ne sait vraiment à quelle réalité correspondent ‘‘les électrons” et ‘‘les protons” dont il parle. Ce qui ne veut pas dire que son discours soit inutile, car il introduit une cohérence, une possibilité de comprendre un certain nombre de phénomènes et, finalement, d’agir même sur eux. La théologie peut nous offrir une certaine cohérence. Une certaine vérification en est possible dans l’expérience spirituelle. » (8)

Le Corps mystique du Christ et l’unité de toutes choses

La symbiose humaine à travers le Corps mystique du Christ est, sur le plan purement théologique, un point central de la pensée du père Brune. Jésus est pleinement homme, et, à un certain niveau de la réalité, il participe vraiment à nos tentations et à nos souffrances. Si on ne comprend pas cela, on passe à côté de la profondeur mystique de la Passion, et finalement de tout son sens. C’est là d’ailleurs qu’a été le drame de l’Église catholique, qui en est resté à l’interprétation extérieure et juridique du sacrifice antique, celle du bouc émissaire.

Cette symbiose humaine au Corps du Christ, a permis au père Brune de faire le lien entre la théologie et la médiumnité, avec la conscience unitaire de toutes choses via les énergies subtiles. Toutefois si le rapprochement peut être fait, il faut bien noter qu’il s’agit de deux unités différentes qui se juxtaposent. Le Corps mystique du Christ n’est pas une force impersonnelle que l’on peut manipuler à bon ou à mauvais escient. C’est bel et bien mystérieusement la Personne du Christ (rappelons-nous : on ne voit pas, mais on sent).

En fait, ces différents degrés d’unité sont complémentaires dans la compréhension de la réalité. L’expérience mystique et la médiumnité permettent de mieux appréhender le paranormal, l’au-delà et la relation à Dieu. (Je pense ici à Jean Prieur qui savait en parler de façon si concrète.)

Sans cela, voyez la perception abstraite et doctrinale de l’au-delà dans l’Église catholique ; on est très loin de la « révision de vie » mise en avant par les NDE (9). Dans les Églises orthodoxes, en revanche, l’importance de la vie mystique rend l’au-delà plus chaleureux. Mais, ne s’occupant pas du monde intermédiaire des esprits, ne reconnaissant même pas le Purgatoire catholique, même chez les orthodoxes l’au-delà reste malgré tout abstrait.

D’ailleurs, ce que les orthodoxes apprécient chez le père Brune, c’est sa théologie, et non pas son étude de la transcommunication. Et pourtant, son livre le plus spirituel, Mes entretiens avec les morts (JMG éditions, 2012), est basé sur les messages de Pierre Monnier et de Roland de Jouvenel. À travers ces « messagers christiques », le père Brune y parle de l’abandon et de l’écoute du Maître intérieur, de l’expérience du Grand tout et de l’union à Dieu.

Si la découverte des Pères grecs et des mystiques a permis au jeune François Brune de ne pas perdre la foi au séminaire (10), une fois devenu prêtre il s’est bien rendu compte que les NDE et la transcommunication, permettaient davantage au grand public de retrouver la foi. Plus encore, voici ce qu’il écrivait dans l’introduction de Mes entretiens avec les morts (pp. 10-11) : « Je crois que la multiplication de telles expériences fait vraiment partie du plan de Dieu, pour pallier le manque de foi de son Église. »

François Brune au mont Athos…

L’humanité n’est pas une simple forme d’incarnation

Outre le corps mystique du Christ, ce qui caractérise la symbiose humaine chez le Père Brune, c’est qu’elle reste centrée sur le destin collectif de l’humanité, et sur l’amour du prochain. Alors que le « tout est un » de la médiumnité se transforme bien souvent en une croyance en la réincarnation, où la connaissance de soi prend une dimension égotique et impersonnelle (les blessures d’âmes, les dettes karmiques, les liens d’âmes, l’enfant intérieur, etc.), et où « être humain » ne veut plus rien dire.

Pour le père Brune, l’humanité n’est pas une simple forme d’incarnation. C’est véritablement une unité de milliards de personnes, dans laquelle la réincarnation apparaît comme une explication schématique de divers phénomènes liés à cette unité symbiotique. Une unité qui ne parviendra à la plénitude que lorsque tout le monde sera guéri, ou du moins lorsque le maître de la maison séparera le bon grain de l’ivraie (Matthieu 13, 24-30), après avoir traité sa culture du mieux qu’il peut.

C’est pourquoi les défunts et les vivants continuent d’être reliés ; c’est pourquoi les âmes les plus élevées désirent, par amour, rester dans les sphères de la terre, pour pouvoir aider les vivants d’ici-bas. C’est pourquoi même les mystiques qui ont atteint le sommet de l’union à Dieu, se retrouvent malgré tout avec des épreuves et des tentations, dont ils savent bien que ce ne sont pas les leurs (11).

« Nous portons tous, pour une part, le poids de fautes, de craintes, de désirs, qui ne sont pas les nôtres et qu’il faut transformer en amour. (…) C’est notre mission en ce monde, pour cette étape de notre existence, en attente d’éternité. Nous avons tous à porter le karma les uns des autres et, parmi nous, plus que tous les autres, le porte le Christ. » (12)

Toute notre humanité, et avec elle toute la Création, s’inscrit dans une relation à Dieu qui a mystérieusement échoué ; et maintenant, nous sommes en plein dans un processus de régénération autour de la plus grande force d’Amour : le Christ.

« Chaque liberté s’exerce sous la double attraction mystérieuse mais réelle, de tout le mal introduit dans la conscience humaine par les péchés de tous les hommes, aussi bien futurs que passés, et de tout le bien introduit par les actes d’amour de tous les hommes, des origines à la fin du monde, à commencer, évidemment, par le plus grand Amour, celui de Dieu fait homme. Mais ce n’est pas seulement le destin de chaque homme qui se trouve ainsi suspendu entre bien et mal, c’est aussi le destin de tout l’univers, maintenu loin de l’unique source de vie, prisonnier d’un réseau de lois provisoires qui gèrent sa survie en attendant la gloire. » (13)

Le Christ, grand prêtre guérisseur de notre humanité

Parce qu’il est la plus grande force d’amour, dans notre processus de régénération, le Christ, Dieu fait homme, est le grand prêtre guérisseur qui, par sa Passion, nous régénère pour que nous puissions vivre de la Vie même de Dieu.

Alors, l’Eucharistie où Jésus se donne, n’est rien d’autre que le voyage astral qui, au-delà du temps et de l’espace, nous conduit à la Croix régénératrice. Le Christ nous transporte véritablement au temps historique de sa Passion et de sa Résurrection, à travers un rituel qui, au niveau universel et transcendant, peut bel et bien, selon moi, être qualifié de « chamanique ».

« C’est qu’en réalité, à un niveau qui n’est accessible que dans la foi, il n’y a pas plusieurs célébrations de l’eucharistie, une succession de célébrations. Il n’y en a qu’une seule, celle même célébrée par le Christ et peu importe donc à quel moment du temps on y participe. Par la main du prêtre, c’est toujours le Christ qui se donne à nous en communion. » (14)

« Il est vrai que la science, en nous révélant davantage le peu de place et le peu de temps que nous occupons dans l’Univers et son histoire, nous a rendu plus difficile de croire que tout n’existait cependant que pour nous et le développement de nos relations avec Dieu. Mais voici que dans la catégorie mythique du temps et de l’espace, dans la catégorie de la présence eucharistique et du sacrifice de la messe, tout ce déploiement fantastique se referme comme un éventail et les points de l’espace les plus éloignés comme les instants les plus distants, se rejoignent soudain mystérieusement. » (15)

Je ne sais pas si le père Brune aurait adhéré à cette conception de l’eucharistie comme un rituel chamanique à l’échelle universelle. Mais, je la trouve assez pertinente, et c’est ce qui me semble ressortir de ses écrits.

Je précise quand même que mon propos n’est pas de dire qu’il faut aller impérativement à la messe. Je serais bien mal placé, moi qui ne suis qu’un « chrétien du porche », ayant passé plus d’heures de ma vie à me promener dans la forêt avec mes chiens, qu’à prier dans les églises.

Une théologie trop solaire pour notre temps

À la lumière de l’expérience mystique, la Grande Église des premiers siècles a compris le sens profond de la Passion du Christ, cœur de la foi chrétienne. Elle l’a compris le temps de définir les grands dogmes de la Foi. Mais elle ne s’est pas suffisamment penchée sur la Passion elle-même, et il en a résulté un malheureux clivage entre : l’Orient grec qui a su conserver le sens mystique de la Passion, et l’Occident latin qui en a fait une interprétation légaliste, au point de déformer horriblement les images de Dieu, de l’homme et de l’au-delà.

Or, si l’Église catholique a su faire de profondes réformes avec Vatican II (Dieu ne punit pas, le sacrifice est davantage une offrande, le rachat est une libération), elle n’est pas allée à la racine du problème. Elle n’a pas reconnu que sa théologie s’était tout simplement égarée, à cause d’une base devenue trop intellectuelle qui n’a plus tenu compte de l’expérience mystique (et notamment du Corps mystique du Christ).

Le père Brune, parmi d’autres auteurs chrétiens, mais lui plus que tous par son ouverture d’esprit et son courage, a su montrer ce qui n’allait pas. Il en résulte une théologie solaire, comme l’était sa personnalité. Normal pour un signe du Lion, même si le père Brune ne croyait pas en l’astrologie.

Et maintenant ? Quelle postérité pour sa théologie ?

Dans l’Église catholique, on connaît la Vierge du Mexique et la Vierge d’Égypte, mais le père Brune est vu comme celui qui critiquait tout le temps l’Église et qui avait des idées New Age. «  Il est passé chez les orthodoxes, donc il n’était pas vraiment catholique ! »

Effectivement, le père Brune a su trouver un bon accueil chez les orthodoxes, à qui il doit tant (et moi aussi à travers lui). Mais ne sont-ils pas, eux aussi, un peu doctrinaires par rapport à l’au-delà ? Sont-ils prêts à redescendre de leur superbe mystique, pour s’ouvrir au monde un peu plus concret des esprits ? On le sait : les bien-pensants ne voient pas toujours leurs propres blocages.

Quant à la médiumnité, si l’on apprécie l’ouverture d’esprit et la bienveillance du père Brune, ainsi que ses critiques envers l’Église catholique, d’une manière générale la religion, on ne s’en occupe pas. « La religion, c’est de la croyance, des archétypes. Nous, on n’est pas dans une croyance ou un système, on est dans l’expérience, dans la connaissance et la spiritualité. »

Que dire ? La théologie solaire du père Brune est sans doute trop profonde et globalisante pour notre époque, qui finalement n’est pas aussi objective et ouverte d’esprit qu’elle prétend l’être.

 

Notes :

  1. Les morts nous aiment, JMG éditions, 2009, p. 316.
  2. Dites-leur que la mort n’existe pas, Éditions Exergue, 2012 (1ère édition 1997), p. 50.
  3. Les morts nous aiment, pp. 267-268.
  4. Pour que l’homme devienne Dieu, JMG éditions, 2013 (1ère édition : Ymca-Press, 1983), tome II, pp. 462 et 466.
  5. Pour que l’homme devienne Dieu, p. 45.
  6. Dites-leur que la mort n’existe pas, p. 277.
  7. Matthieu 25, 40 et 45 : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
  8. Pour que l’homme devienne Dieu, tome II, p. 300.
  9. Voir l’article de Sam Parnia dans le Parasciences n° 124 (p. 24), accompagné par la très belle méditation de J.-M. Grandsire sur le jugement et la culpabilité.
  10. Ma vie au service de Dieu, JMG éditions, 2014, p. 31.
  11. Le Christ autrement, JMG éditions, pp. 200-204. Le père Brune donne notamment en exemple l’abbé Delage, Angèle de Foligno, Claudine Moine et Thérèse de Lisieux.
  12. Les morts nous parlent, tome II, pp. 413-414, Le Livre de Poche 2020. 1ère édition Oxus 2006.
  13. Pour que l’homme devienne Dieu, tome II, p. 677.
  14. Un Christ… deux christianismes, JMG éditions, 2017, p. 206.
  15. Pour que l’homme devienne Dieu, pp. 307-308.

 

Previous post

Parasciences n°131 en PDF

Next post

De brique et de Broch : Vers une police civile des idées ?

The Author

Jean-Michel Grandsire

Jean-Michel Grandsire

No Comment

Leave a reply