Antipolitique

D – Contre qui avez-vous voté ? Contre qui allez-vous voter ?

Le suffrage négatif

Combien de fois n’avons-nous pas entendu (ou prononcé !) des phrases comme : « Ce politicien, je ne peux pas le blairer, alors j’ai voté pour l’autre ! » ? Combien de politiciens sont élus par ce système pervers qui fait que, pour éliminer un candidat, on est obligé d’en choisir un autre à regret ?

Les sondages, fort utilisés en politique, révèlent souvent le peu de foi des électeurs envers les prétendants aux fauteuils d’élus. Mais, comme il faut bien voter, chaque électeur qui juge utile de se déplacer, utilise son bulletin de vote de manière plus ou moins rationnelle. Il y a certes l’immense minorité des convaincus, fans de tel ou tel candidat, qui le suivraient les yeux fermés au bout du monde. Ils sont relativement rares. Et puis il y a les autres, les nombreux déçus de la politique et des promesses non tenues, de droite comme de gauche, sans oublier les pécheurs à la ligne qui savent bien qu’au fond, quelle que soit l’issue du scrutin, ils seront bernés. Pour ceux là – l’immense majorité – il y a trois attitudes possibles : s’abstenir, choisir un candidat sans le moindre enthousiasme, ou voter contre le candidat « à éliminer ». Mais le vote négatif n’existe pas dans le système électoral actuel. On ne peut voter que pour quelqu’un. Il reste donc à voter pour celui qui a le plus de chance de l’emporter sur celui qu’on voudrait écarter. Le vote « semi négatif » représente une composante de taille dans le mouvement électoral. Il intervient à part égale dans la balance et fait toujours la différence, pourtant il n’est jamais évoqué par les politologues et les spécialistes de l’analyse électorale. Que les citoyens se souviennent de leurs réflexes électoraux. Combien de fois ont-ils voté pour un candidat, simplement pour barrer la route à un autre ? Les coûteux sondages sans cesse mis en avant ne tiennent curieusement jamais compte de cette réalité. Alors qu’en fait, nous sommes gouvernés par des gens qui sont en place parce que nous ne voulons pas, ou plus, des autres candidats, tout simplement parce que la nature de la politique pure est de se diviser continuellement contre elle-même.

Un bulletin POUR, un bulletin CONTRE

Imaginons un système électoral comprenant le vote négatif. Les électeurs disposeraient de deux bulletins : un bulletin POUR, pour désigner le candidat de leur choix, et un bulletin CONTRE, pour exprimer leur refus quant à un certain candidat en lice. Au dépouillage, les bulletins CONTRE viendraient au décompte des bulletins POUR. La comptabilité des votes négatifs donnerait une idée plus juste du sentiment de l’opinion. Et finalement, c’est le candidat le plus apprécié qui remporterait les suffrages.

Voici une petite expérience facile à tenter. Il suffit, par exemple, d’interroger ses proches sur les dernières élections présidentielles : pour qui ont-ils voté ? Puis, de revoter avec la possibilité de donner une voix à un candidat et d’en éliminer un autre. Le résultat risque d’être surprenant.

Cette pratique serait assez judicieuse, mais, même avec cela, l’anarchie féodale régnante rend indigne cette époque où la démagogie est toute puissante. Pourtant, de fameux politologues décortiquent les mouvements d’opinion, mais force est de constater que la « science » politique ressemble davantage au tirage de cartes qu’à une science exacte.

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Jean-Michel Grandsire

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