Enigmes historiquesSurvie et spiritualité

Harry Houdini s’est-il évadé de la mort ?

Erich Weiss, dit Harry Houdini, le célèbre spécialiste de l’évasion qui pouvait faire ce qu’il voulait de son corps de son vivant a-t-il pu s’évader du royaume des morts ?

Décédé dramatiquement dans la fleur de l’âge – ô ironie du sort, alors qu’il se disait « immortel » – suite à un pari stupide (on a parlé d’une mort, pour le moins peu glorieuse !), il est aussi connu pour la croisade furieuse qu’il mena contre les charlatans et les tricheurs ; et il mettait dans le même sac les médiums dits « spirites » dont il niait l’origine paranormale des phénomènes en les accusant d’être des imposteurs.

Houdini le spirite ?

Ce que l’on sait moins, c’est que Houdini, malgré sa chasse acharnée aux faux médiums (une véritable « croisade » !), était fasciné par la question de la survie après la mort. Pour lui, c’était la plus importante de toutes. Il se l’était d’abord posée avec douleur à l’âge de 18 ans lors de la disparition de son père Samuel (un rabbin) en 1892. Et son intérêt pour le spiritisme s’était réveillé de plus belle à la mort de sa mère Cecilia, survenue en 1913, qui avait provoqué chez lui un choc dévastateur.

Dans son livre1 Un magicien parmi les spirites (dédié à sa mère et non traduit en français), Houdini montre toute l’ambivalence qui l’anime envers les médiums qu’il pourchasse. Il voudrait tant être convaincu que sa mère n’est pas totalement anéantie qu’il tente de communiquer avec elle par tous les moyens. Que lui, la star de la magie, ne reçoive en retour pas le moindre signe en ce sens, tandis que le premier médium venu semble pouvoir le faire sans problème le met en rage et explique son obstination forcenée à réduire à rien toutes les « preuves » qu’on lui présente comme telles et qu’il prétend reproduire lui-même. Mais par là même il se sent frustré, car il souhaite intimement qu’il y ait quelque chose de vrai dans les manifestations spirites. Et le fait de ne pouvoir s’en convaincre le torture. Peu après le décès de sa mère, il écrit : « Il n’y a aucun sacrifice que je ne saurais faire pour entrer en communication avec ma mère ». R. Brandon2, qui a publié une biographie de Houdini, va encore plus loin : « H. Houdini, écrit-elle, vit tous les faux médiums comme des ennemis personnels dans le combat pour établir le contact avec sa mère ».

 

Houdini et Sir Arthur Conan Doyle

Cette « fascination » de Houdini vis-à-vis du spiritisme transparaît aussi dans son amitié qui le lia à Sir A. Conan Doyle. Le romancier, lui aussi, est bourré de contradictions : son fameux héros détective, Sherlock Holmes, a un formidable pouvoir de déduction, tandis que lui est un spirite convaincu incapable d’éventer les mascarades auxquelles il assiste complaisamment au cours de séances médiumniques où il se fait honteusement abuser (pas toujours, mais c’est une autre histoire). De cette sympathie entre Houdini et Conan Doyle résultera cette situation incroyable : Sir Arthur était persuadé que Houdini avait des pouvoirs surnaturels qu’il utilisait inconsciemment pour réussir ses exploits, et son influence sur lui empêchera ce dernier de basculer dans le complet scepticisme ; à telle enseigne que le magicien, au moment de sa mort prématurée, promit sur son lit d’agonie (sa vanité était immense, écrira C. Doyle) qu’il ferait tout pour se débarrasser des liens de l’Au-delà. Lui, le champion de l’évasion, saurait montrer qu’on peut aussi s’échapper de la mort…

Sir Arthur, ardent propagandiste de la doctrine spirite, raconte comment Lady Jean Doyle, un peu médium, avait tenté de faire entrer le magicien en communication avec sa mère défunte. À cette occasion, un message avait même été obtenu qui convainquit facilement Sir Arthur, mais pas Houdini, tout simplement parce qu’il portait le signe de la croix et que sa mère était juive orthodoxe ! Il en résulta une brouille tenace où Houdini traita fort injustement Sir Arthur de cacochyme sénile.

Houdini et Conan Doyle

Pourtant, dans les mémoires de son ami et conseiller juridique Bernard Ernst, ce dernier raconte que Houdini prit souvent l’initiative de s’installer autour d’une table et d’y poser ses mains.

Selon la revue Popular Radio, le magicien aurait même confié avoir fait des pactes avec sept amis intimes et parents à l’effet que celui qui mourrait le premier communiquerait avec l’autre. Et de noter (avec regret ?) : « Tous sont morts et je n’ai pas reçu le plus petit signe d’aucun d’eux ».

En fait de pacte, il en aurait fait un lui-même avec son épouse (peut-être ne furent-ils pas mariés ?) Bess (Beatrice), lui promettant de tenter tout ce qu’il pourrait pour lui fournir la preuve que sa conscience existait encore intacte après sa mort : et ce en convenant avec elle d’un message qu’il tenterait de lui communiquer par-delà la mort, soit directement, soit par l’entremise d’un médium psychique. Mais, revenons-en aux circonstances absurdes de la mort prématurée de Houdini.

Une mort stupide

En octobre 1926, Houdini vient à Montréal pour une série de spectacles et, en marge de ceux-ci, donne une conférence à l’université McGill. Le lendemain, alors qu’il se trouve en préparatifs dans sa loge du « Princess Theater », trois étudiants de l’Université viennent le voir. L’un d’eux, joueur de hockey, lui parle du test du coup à l’estomac : dans son spectacle, Houdini avait l’habitude de demander à quelqu’un dans le public de lui infliger un coup-de-poing dans le ventre, pour prouver qu’il était invincible, ce qu’il endura maintes fois sans problème. Ce jour-là, Houdini accepte de s’y soumettre en privé… mais n’a pas le temps de se concentrer ; l’autre le prend par surprise et lui porte plusieurs coups (deux ?) alors qu’il n’est manifestement pas préparé. Selon la version officielle, Houdini ressent aussitôt une vive douleur à l’estomac. Croyant qu’il s’agit d’une blessure musculaire, il ne se fait pas soigner tout de suite et, rendu à Détroit, donne encore deux représentations. Quand il s’adresse à un médecin, il est en proie à une forte fièvre : trop tard ! Le 31 octobre 1926 (le jour d’Halloween !), le magicien, au terme d’une longue agonie avec Bess à son chevet, rend l’âme à l’âge de 52 ans. Péritonite, conclurent les médecins de l’hôpital, probablement consécutive à la rupture de l’appendice provoquée par les coups. Malgré quelques rumeurs d’empoisonnement dont on verra plus loin les conséquences à long terme, aucune autopsie ne fut pratiquée.

Le pacte de Houdini

Or, je l’ai dit, Houdini avait apparemment laissé derrière lui un message codé par lequel il prouverait son identité s’il faisait un « retour » de nature spirite. Bess Houdini, malade, désemparée par la disparition de son compagnon et maître (à 18 ans, elle était devenue sa partenaire de spectacle), déprime, boit… et tente en effet de communiquer par tous les moyens avec son regretté mari. Chaque samedi, à l’heure de sa mort, elle s’installe dans sa chambre en face de la photo de Harry et attend un signe. Elle a offert une récompense de 10 000 dollars au médium qui produira le message secret que Houdini lui a laissé et convenu de lui envoyer, et qu’il lui a rappelé sur son lit de mort ; la coquette somme offerte va nettement activer le processus. Elle reçoit une avalanche (des milliers !) de lettres et de télégrammes censés délivrer le message. Mais aucun ne la satisfait…

Le « retour de Houdini » à travers plusieurs médiums où il exprime systématiquement ses regrets d’avoir persécuté leurs semblables de son vivant ne la convainc pas. Au point qu’elle songe à retirer son offre quand… la rumeur se propage, en février 1928, qu’Arthur Ford, pasteur de la Première Église Spiritualiste de Manhattan, « a percé le code de Houdini ! ».

« J’ai percé le code posthume de Houdini ! ». Cette déclaration stupéfiante d’un médium spirite américain, Arthur Ford, en 1928, visait carrément à prétendre que, pour la première fois, un vivant avait contacté un mort deux ans après sa disparition. Un homme nommé Houdini, le roi de l’évasion, qui aurait réussi ainsi à s’évader de l’Au-delà pour transmettre aux vivants la preuve que sa conscience subsiste encore quelque part, avec ses souvenirs.

En ce mois de février 1928, les journaux américains ne savent pas quoi imprimer pour célébrer cet événement colossal ; certains annoncent que la suppression de la prohibition ne serait pas plus sensationnelle. On parle d’un cataclysme nucléaire… Le New York Telegram, dans un éditorial solennel, célèbre la première intervention de l’esprit d’un désincarné.

En fait, ce contact se serait produit en deux temps. Tout d’abord, A. Ford, au cours d’une séance spirite dans laquelle, en transe, il sert d’intermédiaire aux désincarnés (c’est la définition même du médium spirite), aurait répercuté l’annonce de son guide « Fletcher » disant « qu’une femme inconnue est très impatiente de dire un mot » : ce mot, c’est « forgive » (Pardon). Or ce mot est le dernier qu’aurait prononcé avant sa mort la mère de Houdini, le mot attendu en vain par le magicien pendant 13 ans, un mot qui arrivait trop tard pour lui, mais pas pour Beatrice, sa femme, mise en son temps dans la confidence et qui, avisée, écrit : « Mon cher Mr Ford,… le mot « Forgive » est bien celui que Houdini espéra toute sa vie ». Du coup, elle veut aller plus loin.

Le 8 janvier 1928, le New York Evening Graphic fait état d’une série de séances données par A. Ford à Bess au cours desquelles un nouveau mot est arrivé à travers « Fletcher » : « ROSABELLE », reçu par voix directe. Viennent ensuite : « NOW, LOOK, NOW, ROSABELLE, ANSWER, PRAY et TELL ». À la dernière séance, le message entier a été transmis : « Un homme qui se dit être Houdini mais dont le nom réel était Erich Weiss est là et souhaite transmettre à sa femme Beatrice le code de dix mots, ce qu’il a promis de faire s’il lui était possible ; ce code est : « ROSABELLE ANSWER TELL PRAY ANSWER LOOK TELL ANSWER ANSWER TELL ».

Le message est transmis le lendemain à Mrs Houdini qui n’a pu être présente à cette séance-là car elle a dû rentrer à l’hôpital suite à une chute. Elle s’exclame : « Oh mon Dieu ! C’est ça ! ». Sur son lit de mort, Harry lui aurait murmuré : « S’il arrive quelque chose, Bess, tu dois être prête. Souviens-toi du message « Rosabelle believe ». Quand tu entendras ces mots, sache que c’est Houdini qui parle ». En fait, les deux mots faisaient partie de ceux employés lors de la simulation de transmission de pensée qu’ils avaient longtemps pratiquée ensemble pour leur numéro de music-hall.

Une autre séance est organisée dans la chambre de Bess, deux jours plus tard. Et la voix s’adresse cette fois à elle et répète le code… : « un de ceux que nous avions l’habitude d’utiliser dans un de nos lectures de pensées ».

Le second mot du code « answer » correspond à la deuxième lettre de l’alphabet = B ; « answer » « answer », 22ème lettre de l’alphabet = V, le 5ème mot du message « TELL » est la cinquième lettre de l’alphabet = E. La 12ème lettre de l’alphabet est « L » et pour faire 12, nous devons utiliser le premier et le second mot du code… Ainsi de suite et on trouve : « Rosabelle Believe ». Mrs Houdini confirme que tout cela est correct. Elle signe un affidavit avec les autres témoins.

Mais voilà que le New York Evening Graphic, qui a raconté cet épisode dramatique par le menu, titre deux jours plus tard : « Le canular de Houdini démasqué ! Séance arrangée au préalable par le médium et la veuve » ! Cette révélation soulève un tollé. Béatrice dément toute collusion de sa part de même que A. Ford. Mais il s’avère que Bess n’était pas la seule à connaître le code. On parle des confidences possibles de Houdini, de son vivant, à une jeune assistante du magicien… Selon un autre scénario, Bess, dans son délire (éthylique ?), aurait murmuré le code sans s’en rendre compte et A. Ford en aurait profité. Il semble bien que Bess et Ford furent des amis très intimes… « Il ne fait aucun doute qu’ils étaient totalement de mèche en tant que partenaires d’une grande et glorieuse mystification », écrit W. Rauscher3/, un pasteur magicien, auteur d’un livre sur cette histoire de code post-mortem !

A. Ford se voit expulsé de la ligue spiritualiste unifiée de New York. Il tourne l’accusation en dérision en soulignant n’avoir même pas revendiqué la récompense offerte « alors que, légalement, elle lui revenait » ! Même Bess se met à douter. Elle se serait même rétractée quant à l’authenticité du message !

Pourtant, jusqu’à sa mort survenue en 1943, elle organisera chaque année à Halloween une séance de spiritisme pour tenter d’entrer en contact avec son regretté mari ; une tradition que certains fidèles du magicien perpétuent tous les ans… jusqu’à aujourd’hui !

Les médiums les plus puissants de monde entier sont ainsi invités à tour de rôle à s’asseoir autour de cette table afin de tenter d’aider le « maître » à se dégager des filets de l’Au-delà pour apporter la preuve de son retour en ouvrant les menottes : cette paire de menottes appartenant au magicien gardée religieusement et qu’il a promis de venir ouvrir « en sortant du royaume des morts » (sic).

La presse spirite nous tient d’ailleurs au courant épisodiquement du déroulement de ces « séances » anniversaires. Rendons-nous à celle de 1999.

Houdini, es-tu là ?

Sur la scène d’un théâtre anglais, autour d’une table éclairée par 3 candélabres où une paire de menottes verrouillée est posée, une douzaine de personnes ont pris place, des Américains, des Britanniques, un Italien… En sourdine, une musique : celle d’un film sur les vampires. Tout le monde attend…

Nous sommes le soir du 30 octobre 1999, au 12 Stephenson Way, à Londres. The Magic Circle, l’association pour les magiciens de théâtre, reçoit, pour la première fois de son histoire, la Séance Officielle Houdini, 73ème du nom.

Lyn Guest de Swarte, éditeur de l’hebdomadaire spirite Psychic News, fait partie du cercle. Et c’est elle qui titra à cette occasion : « Houdini revient à Londres »

Certes, les menottes sont restées closes (!) mais, au cours de la séance, Mrs Guest de Swarte affirma de vive voix recevoir un message des mânes de Houdini parlant « d’un triple miroir ». C’est sur la paroi de la bouteille d’eau placée devant elle qu’elle détecta le phénomène. L’épisode fut filmé par une télévision italienne.

Au sortir du théâtre, tous les participants de la séance reçurent, pour commémorer l’événement, une petite boîte avec dedans un cube en verre dont trois faces étaient coupées en biseau pour former un triangle. « C’était presque identique à ce qu’Houdini avait projeté à travers moi sur le verre de la bouteille ». Et de raconter, dans Psychic News du 6 novembre 1999 : « Comment Houdini a prouvé sa survie avec des miroirs » !

Il est bien dommage que le magicien, en passant de l’autre côté, ait perdu son goût légendaire du spectaculaire !

Mais la mort de Houdini a eu dernièrement un autre prolongement qui n’est pas passé inaperçu.

Granger

Michel Granger

Houdini fut-il empoisonné ?

81 ans après le décès du roi de l’évasion, un de ses descendants (un petit-neveu) a réclamé le lundi 26 mars 2007 à la justice américaine une exhumation, pour faire pratiquer une autopsie sur les restes du magicien afin de voir s’il n’aurait pas été assassiné avec un poison injecté par un de ses ennemis. Et Houdini en avait de nombreux, notamment parmi les adeptes du spiritisme qu’il pourchassait et dénonçait comme des tricheurs.

Faut-il voir dans cette requête plutôt une opération de marketing pour vendre une nouvelle biographie où les auteurs affirment que le magicien a été empoisonné par un médecin de Detroit au nom d’une cabale de spiritualistes qui voulaient faire taire le grand sceptique ? Ce sont ces supputations qui auraient incité le neveu à lancer cette action.

Au début, l’avocat prétendait que l’exhumation de Houdini était réclamée par ses « descendants ». Mais il s’avère qu’elle n’est demandée que par un seul puisque le petit-neveu de l’épouse de Houdini s’est déclaré, lui, contre cette exhumation. Quant aux médecins impliqués dans cette tentative d’autopsie posthume, ils se sont déjà exercés sur les dépouilles de Jesse James (célèbre hors-la-loi assassiné par les membres de sa bande) et de l’étrangleur de Boston !

Il faut dire aussi que les charges lancées ont été particulièrement outrancières citant nommément comme assassin potentiel Sir Arthur Conan Doyle ! Il est vrai que les relations entre les deux hommes, aux caractères bien trempés et très différents, se sont détériorées suite à une séance spirite où le médium, Lady Doyle, avait prétendu contacter la défunte mère de Houdini. Ce dernier n’avait pu y croire et avait eu des mots très durs à l’encontre de son ancien ami. Au point que Sir Arthur l’avait alors menacé de mort dans une lettre écrite en 1924. Comme d’ailleurs le médium américain Margery qui avait prévu en 1926 sa mort dans l’année… Y avait-il dans la croisade anti-spirite de H. Houdini motif pour le tuer ? L’avocat new-yorkais du petit-neveu pense que oui.

Par cette exhumation, il s’agirait de voir notamment si les cheveux de la dépouille du magicien contiennent de l’arsenic (ou bien des métaux lourds), ce qui accréditerait la thèse de l’empoisonnement ; il aurait été retrouvé que Houdini et son épouse avaient éprouvé justement des problèmes de santé à cette époque : elle n’y aurait pas succombé, lui si ?

Je vois pour ma part dans cette opération de déterrement l’occasion de tordre le cou à une autre rumeur : celle selon laquelle la tombe de Houdini serait vide ! Il aurait réussi à s’en évader (authentique) : ce bruit a couru en 1995 quand des fans du roi de l’évasion ont sondé le monument funéraire du magicien situé au cimetière de Machpelah, Queens, à New York, avec un appareillage très sensible capable de localiser un corps à plus de 100 mètres à travers une plaque métallique ; ils avaient prétendu qu’il était vide !

Le mythe de Houdini n’a pas fini de faire couler de l’encre.

Notes :

 [1]
 [2]
 [3]

 

Notes

[1Houdini, Harry, A Magician among the Spirits, Harper & Row, 1924.

[2Ruth Brandon, The Life and Many Deaths of Harry Houdini, Secker & Warburg, Londres, 1993.

[3Rauscher, William V., The Houdini Code Mystery, Mike Caveney’s Magic Words, Pasadena, CA, USA, 2000.

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