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Le « rapport Cardoso »

Une enquête de deux ans sur le Phénomène des Voix Electroniques

Anabela Cardoso

Présentation

Un phénomène acoustique relativement nouveau fait beaucoup parler de lui sur Internet et dans la littérature spécialisée. Plusieurs associations, dont certaines comptent un nombre de membres important, se sont formées dans de nombreux pays. Dans les pays anglo-saxons, on appelle ce phénomène EVP (Electronic Voice Phenomenon), et on y voit généralement une forme de communication électronique initiée par ou avec des personnes décédées. Les premiers tests visant à vérifier l’authenticité de ces allégations ont été menés en Suède et en Allemagne en 1964 et 1970 sous la direction du professeur Hans Bender de l’Université de Fribourg (Bender, 1970 ; 1972 ; 2011) [on trouve ce rapport de Bender sur ce même site Internet]. Le présent rapport décrit en détail les tests qui ont été élaborés pour enregistrer le supposé phénomène de voix électroniques sous des conditions de contrôle très strictes. Les expériences ont été réalisées à Vigo, en Espagne, sur une période de deux ans. Plusieurs opérateurs ont participé aux nombreux tests qui ont été effectués dans des laboratoires d’acoustique et des studios d’enregistrement professionnels équipés de matériels parmi les plus performants. Les protocoles et procédures de ces expériences, tout comme les résultats obtenus, sont décrits dans ce document. Des voix ont bien été enregistrées au cours de ces expériences sans que l’on puisse leur attribuer aucune explication normale.

On trouvera à la fin de cet article l’interview accordée par Anabela Cardoso à Jean-Michel Grandsire lors de leur rencontre en Galice en juin 2012.

 

Remerciements

L’auteure souhaite exprimer sa reconnaissance aux participants qui se sont investis avec enthousiasme et esprit de partage dans ce projet, et plus particulièrement au professeur Uwe Hartmann pour son soutien technique, mais aussi au professeur Stanley Krippner, à Alan Watts, professeur de psychologie à l’Université Saybrook de San Francisco en Californie, pour son aide inestimable. Cette étude n’aurait pas pu être menée à bien sans la contribution financière de deux sponsors internationaux qui ont tenu à conserver l’anonymat ; leur générosité a été grandement appréciée.

 

Anabela Cardoso en septembre 2013

Introduction

Des expériences visant à enregistrer le prétendu phénomène de voix obtenues sans raison ont été conduites à Vigo, en Espagne, en 2008 et 2009. La docteure Anabela Cardoso (2010) était la directrice du projet de recherche ainsi que la principale opératrice des tests EVP. Les tests se sont inspirés des travaux que Hans Bender avait effectués avec l’artiste et réalisateur suédois Friedrich Jürgenson (1964 ; 2004) et des expériences que le docteur Konstantin Raudive avaient menées en Angleterre et qui ont été authentifiées par le rédacteur adjoint de Colin Smythe, Peter Bander (Bander, 1972). En 1968, Raudive fit paraître Unhörbares Wird Hörbar – Auf den Spuren Einer Geisterwelt avec sa traduction en anglais quelques années plus tard : Breakthrough : an Amazing Experiment in Electronic Communication with the Dead (Raudive, 1971).

Avant de lancer la traduction de cet ouvrage, l’éditeur anglais Colin Smythe voulut s’assurer de la validité scientifique des travaux de Raudive.

Avec la collaboration technique des experts en acoustique Ken Attwood et Ray Prickett et la présence, entre autres, de Colin Smythe, Peter Bander, Sir Robert Mayer, David Stanley, Ronald Maxwell, et de Raudive lui-même, on prépara quatre enregistreurs à cassettes (le principal, fabriqué par Nagra, une entreprise suisse, était un appareil reconnu pour avoir une bonne isolation en matière d’interférences radio) en vue de procéder à un enregistrement de 18 minutes sous la direction des experts de Pye Records cités plus haut. Dans son livre, Bander décrit les expériences et affirme que « les instruments ont révélé que des enregistrements avaient eu lieu alors que les personnes qui écoutaient (surveillant l’enregistrement en temps réel avec leurs casques audio) n’avaient rien entendu. En rembobinant et en réécoutant les bandes, on perçut plus de 200 voix, dont 27 étaient clairement compréhensibles. »

Une seconde série d’expériences fut conduite dans une pièce isolée des laboratoires Belling&Lee d’Enfield, en Angleterre. Ce laboratoire était équipé d’une protection contre les fréquences radio conçue pour empêcher l’intrusion d’ondes électromagnétiques. Peter Hale, le meilleur expert britannique et l’un des meilleurs du monde en matière de techniques d’isolation contre les fréquences électroniques, conjointement avec Ralph Lovelock, expert en physique et en électronique, supervisèrent les enregistrements au cours desquels une série de voix claires fut captée une nouvelle fois. Dans sa lettre à Colin Smythe, Peter Hale dit à propos des tests : « Les résultats que nous avons obtenus ce vendredi montrent qu’il se passe quelque chose que je suis incapable d’interpréter en termes de physique conventionnel. » (Bander, ibid, 1972). Un grand nombre des enregistrements de Raudive sont conservés à Münster, en Westphalie (Allemagne), et la British Society for Psychical Research s’est récemment dotée d’une autre série d’enregistrements qu’elle a ensuite remis au Laboratoire National Britannique d’Acoustique.

Aussi bien Jürgenson que Raudive affirmèrent avoir enregistré la voix de personnes décédées qui, selon Raudive, vivent dans un plan de réalité alternatif qu’il appelle « le monde opposé ». Les voix EVP ressemblent à des voix humaines et on ne peut les entendre directement quand l’opérateur effectue l’enregistrement ; il n’est possible de les percevoir qu’en réécoutant la bande. Une expérience EVP consiste généralement à ce qu’un ou plusieurs opérateurs réalisent des enregistrements sur une base régulière, en un lieu calme dénué de tout bruit extérieur. Lors de la séance, ils demandent qu’un contact soit établi et posent des questions à des communicateurs d’une dimension inconnue où les morts sont censés continuer à vivre. Une séance dure habituellement entre 15 et 30 minutes, chaque question étant suivie d’une courte pause avant qu’une autre question soit posée.

Il existe également des cas, rares il est vrai, où des voix électroniques d’origine inexpliquée se sont manifestées directement sur les enceintes d’une radio (Cardoso, 2010). On les appelle les Direct Radio Voices (DRV), mais le projet dont il est question ici ne s’était pas donné pour objectif d’étudier précisément ce phénomène.

Depuis l’époque des expériences de Jürgenson et de Raudive, il y a eu un nombre croissant de témoignages provenant du monde entier de gens prétendant recueillir des voix de personnes décédées par des moyens électroniques. Bien que la paréidolie [2] puisse expliquer un grand nombre de ces témoignages, il en existe d’autres qui méritent notre attention et qui devraient être examinés avec soin étant donné que ces communications semblent bien comporter un message. (Brune, 2005 ; 2006 ; Brune et Chauvin, 1999 ; Cardoso, ibid, 2010 ; Cardoso CD, 2010 ; Locher et Harsch 1989 ; Senkowski, 1989 ; 1995).

 

MÉTHODE

Les opérateurs

Un groupe d’opérateurs originaires de différentes régions d’Europe fut constitué. Voici les noms et les abréviations de ces participants :

Portugal : Anabela Cardoso (AC), Luísa Alcãntara, Mario dos Anjos Antunes,

Allemagne : Ingrid (IH) et Uwe Hartmann (UH),

Espagne : José Ignacio Carmona (Iñaki).

Il s’agissait tous d’opérateurs en EVP expérimentés ayant obtenu des résultats positifs et qui n’avaient jamais travaillé ensemble. Cela paraissait être une bonne façon de vérifier la possibilité d’enregistrer des voix paranormales sous des conditions que la littérature spécialisée considère comme défavorables. Il semble que l’une des conditions importantes pour que ce type de communications s’établisse est le fameux « contact » qui demande apparemment une synergie particulière entre le ou les opérateurs, le lieu et les personnes qui communiquent. Dans cette étude, tous les sites qui furent choisis pour les tests étaient inconnus des opérateurs. La plus grande partie du matériel utilisé appartenait aux studios d’enregistrement des institutions sélectionnées et était de ce fait inconnu de tous les opérateurs ; toutefois, deux appareils étaient la propriété d’Anabela Cardoso et cela doit être dûment précisé.

Les séances d’enregistrement furent programmées en tenant compte de la possibilité pour les participants de se rendre à Vigo, en Espagne. D’ailleurs, mis à part AC, personne dans le groupe ne vivait à Vigo (certains ne s’y étaient même jamais rendus) et, pour cette raison, les tests s’échelonnèrent sur différentes dates tout au long de cette période de deux ans.

Les opérateurs n’étaient jamais seuls dans la salle d’enregistrement ; Philip Newell (PN) ou un autre technicien du son, ou bien les deux, étaient présents durant toute l’expérience dans la salle d’enregistrement ou dans le local technique adjacent. (voir plus bas le schéma des installations du studio d’enregistrement Metropolis).

Emplacement des tests

Les tests se déroulèrent au sein de deux studios de son professionnels et furent supervisés par plusieurs techniciens spécialisés. Les lieux furent choisis en raison de leur haut degré d’isolation sonore afin de bénéficier de la meilleure isolation possible par rapport à l’environnement où les expériences allaient avoir lieu. Ces studios comptent parmi les plus sophistiqués du genre de toute la Galice, en Espagne, où AC réside actuellement.

Le premier choix s’est porté sur l’Université de Vigo puisque l’École des Techniques de Télécommunications dispose d’un laboratoire d’acoustique ayant une excellente isolation phonique mais aussi d’une chambre hémi-anéchoïque (www.teleco.uvigo.es). Le professeur Antonio Pena (Theory of the Signal), dans sa correspondance privée avec Anabela Cardoso à propos des niveaux d’isolation phonique du laboratoire, lui disait :

« (…) Le bruit de fond à l’intérieur de la chambre nous montre que l’isolation acoustique est très poussée. On comprend pourquoi quand on sait comment il est construit : il s’agit d’un bloc de béton reposant sur des matériaux qui étouffent les sons et qui est isolé du reste du bâtiment qui l’entoure. »

Philip Newell (PN) était le responsable technique de la construction de la chambre acoustique de l’Université. Consulté par AC au sujet de l’isolation du laboratoire, PN lui répondit :

« (…) Je sais que l’on a au moins 70 dB d’isolation par rapport aux pièces adjacentes. De la musique jouée à 100 dB dans la salle de contrôle est inaudible dans la chambre (acoustique) située juste à côté. » Et dans l’un de ses rapports techniques, il ajoutait : « (…) Il est également remarquable qu’aucun portable n’avait de réseau dans ce laboratoire hautement isolé. »

Étant donné la nature de ce projet qui visait à déterminer la réalité de supposées voix inexpliquées que l’establishment scientifique continue à regarder avec des préjugés en Europe, la pré-condition avant de mettre en œuvre l’équipement de l’Université était l’assurance qu’il n’y aurait pas d’implications directes de ses chercheurs. Les installations de l’Université furent mises à disposition de AC pendant les vacances d’été pour une durée de temps limitée, période où l’Université n’accueillait pas d’étudiants. De même, on loua pour les tests la principale salle d’enregistrement d’un studio professionnel d’acoustique de Vigo, le studio Metropolis.

Ce studio fut conçu, comme d’autres au Royaume-Uni, en Espagne, au Portugal ou dans d’autres pays encore, par Philip Newell, un expert international en isolation phonique. Les enregistrements sans interférences sont la spécialité de PN (http://philipnewell.net). Dans l’un de ses rapports techniques, PN dit à propos de Metropolis :

« Il a également été signalé dans la plupart des livres sur le phénomène EVP que les enregistreurs pour le grand public fonctionnaient aussi bien, voire mieux, que les systèmes d’enregistrement professionnels. Il se peut que ceci soit dû au fait que ces matériels moins sophistiqués favorisent les phénomènes de diaphonies et qu’ils captent des signaux qu’ils n’étaient pas censés recevoir initialement. Toutefois, dans le studio où nos expériences se sont déroulées, j’ai personnellement imaginé l’installation de câblage audio, de l’alimentation électrique et l’insonorisation. Tout cet aménagement a été précisément étudié dans le but d’éliminer les interférences externes afin d’atteindre un niveau d’enregistrement le plus propre possible. On a commencé à se demander à partir de quel moment ces précautions risquait d’empêcher de capturer des signaux d’une nature dont il n’était pas question lors de la conception du studio (EVP et DRV). »

Et il ajoute :

«D’anciennes publications sur le sujet décrivaient des expériences de transcommunication (EVP) qui avaient été faites avec des radios réglées sur les ondes moyennes, aux alentours de 1MHz ; de ce fait, il est difficile d’affirmer que toutes les anciennes expériences qui se sont déroulées dans de soi-disant cages de Faraday aient été à l’abri d’émissions d’ondes radio extérieures. Toutefois, dans le studio de Vigo (Metropolis) où nous avons fait nos expériences, il se trouve que chaque élément de la chaîne d’enregistrement était protégé de toute émission de fréquence radio indésirables. »

Les techniciens

Comme cela a été mentionné plus haut, Philip Newell est un ingénieur britannique en électro-acoustique doublé d’un expert en isolation sonore qui vit en Galice. Les techniciens du studio Metropolis ont également apporté leur aide tout comme le spécialiste portugais Marco Lima (ML). Avant les expériences, AC et les autres opérateurs ne connaissaient aucun des techniciens.

Matériel

Le plus gros de l’équipement utilisé dans ces tests appartenait aux établissements où les tests ont eu lieu. Un vieil enregistreur à cassettes Telefunken alimenté par secteur qu’avait déniché AC chez un antiquaire fut également utilisé dans certaines expériences où on le brancha à un micro Sennheiser. L’équipement qui suit fut employé au studio Metropolis en 2008 : microphone à condensateur Neumann U87 dans son mode omnidirectionnel, un microphone à bobine mobile Shure SM58, un système d’enregistrement Digidesign ProTools associé à un ordinateur Mac, un enregistreur à cassettes Telefunken fonctionnant sur secteur (propriété de AC), un microphone omnidirectionnel miniature Sennheiser (propriété de AC), trois circuits à diodes fabriqués par PN.

En 2009, au studio Metropolis, on utilisa le même matériel à l’exception des circuits à diodes mais avec en plus un microphone Sennheiser MD441 équipé d’un préamplificateur qu’UH avait apporté d’Allemagne.

Voici le matériel utilisé à l’Université de Vigo en 2008 :

— le système du laboratoire d’acoustique : un microphone avec préamplificateur Brüel&Kjael 4190-L001 (microphones Falcon Range ½’’ types 4188 à 4193), relié à un enregistreur Fostex R-DAT. Selon PN, « cet équipement permettait de descendre à 3 dB à 1.5Hz, et était donc en mesure de capturer quatre des octaves infrasonores. »

— le microphone Sennheiser relié à l’enregistreur à cassettes Telefunken décrit plus haut.

L’équipement utilisé à l’Université en 2009 :

— Microphones

Sennheiser MD441 hypercardioïde (avec un préamplificateur) apporté d’Allemagne par UH.

AKG C414 XLII dans un mode cardioïde (propriété de ML).

Groove Tubes GT57 bidirectionnel (propriété de ML) connecté à l’ordinateur portable de ML via une console (Xenyx 802 à 8 entrées et équipée de 2 préamplificateurs), cette connexion s’effectuant à travers le mur hautement isolé qui sépare la chambre acoustique du local technique.

L’ordinateur portable de AC pour générer des bruits explicites à l’intérieur de la chambre acoustique.

Pour les mesures de champs électriques et magnétiques :

3D H/E Fieldmeter ESM-100 de Maschek, Allemagne ; spectre des fréquences pour les mesures : 5 Hz-400 KHz, 2 valeurs par seconde (propriété de l’Université de UH) ; équipement connecté à l’ordinateur portable de UH placé dans une pièce adjacente.

Sources de bruit

L’expérience nous dit qu’une source de bruit peut être porteuse, ou être au moins un facteur favorable à la formation de voix électroniques paranormales ; il a été beaucoup écrit sur le sujet dans la littérature spécialisée.

Chaque enregistrement est normalement constitué de ce que l’on appelle des bruits implicites (il s’agit des bruits de fond comme ceux que génère naturellement l’environnement, à savoir les bruits acoustiques et électroniques des appareils, les bruits produits par les opérateurs, comme la respiration ou les bruits d’estomac…) et de bruits explicites qu’ajoutent volontairement les expérimentateurs. Afin de réduire les bruits de l’environnement au maximum, les présentes expériences furent réalisées dans des salles hautement isolées du point de vue de l’acoustique. En outre, afin de différencier le bruit des instruments des bruits émis inconsciemment par les opérateurs mais aussi des bruits explicites produits par les expérimentateurs, on effectua des observations séparées.

Il est possible d’appliquer plusieurs types de bruits explicites dans les expériences EVP. Dans les présentes expériences, on utilisa comme bruit de fond (un seul à la fois) :

  1. a) Mélange de fréquences

Certains programmes informatiques permettent de créer des mélanges de fréquences aléatoires. Il est possible de travailler avec :

  1. Des fichiers audio avec deux types de bruits (bruits blancs et bruits roses) comme ce fut le cas dans les présentes expériences.
  2. Des bruits statiques générés aléatoirement, que l’on appelle aussi « bruits blancs » et que l’on obtient en réglant une radio entre deux stations, technique qui fut également utilisée dans certaines expériences.

 

  1. b) Mélange de phonèmes
  2. Certains opérateurs EVP, également appelés expérimentateurs, ont recours à un mélange de fragments de mots comme source de bruits explicites lors de leurs enregistrements. Il est possible de générer des fichiers audio de ce type à partir d’un programme informatique du nom de « EVP maker ». Ce programme, développé par Stefan Bion, est devenu récemment très populaire parmi les expérimentateurs en EVP. Son principe de fonctionnement se base sur une idée simple : un enregistrement de discours est divisé en courts segments qui sont replacés au hasard. Si l’enregistrement original était un discours cohérent, le résultat ressemble à du « charabia » car il est constitué d’un mélange aléatoire de phonèmes ou de syllabes ; le programme permet d’ajuster certains paramètres comme la longueur des segments. Le but et l’avantage manifeste de cette technique par rapport au fameux « bruit blanc » est d’obtenir un bruit de fond pour les enregistrements EVP qui rappelle un discours humain sans que ce dernier ne contienne toutefois de véritables phrases ni de mots, c’est-à-dire sans sémantique. L’objectif est de disposer d’une stimulation acoustique dynamique pour favoriser la formation de messages EVP dans ou en superposition de ces sons aléatoires.
  3. Le psychophone. Cet appareil est une invention du scientifique autrichien Franz Seidl qui l’a créé pour capter des voix transcendantales au cours des expériences qu’il fit avec Raudive (Breakthrough, pp. 362-365). (Voir le schéma ci-dessous.)
  4. Des voix humaines, que ce soit sous la forme de conversations en direct ou de fichiers de voix humaines enregistrées sur ordinateur.

Les tests

Plusieurs expériences eurent lieu en 2008.

  1. Avec AC comme seule opératrice

En juin 2008, quatre séances expérimentales visant à recueillir des voix EVP se déroulèrent au studio Metropolis entre 20 h 30 et 21 h 30 ; elles se tinrent les 12, 17, 24 et 27 juin. Ces expériences furent invariablement effectuées avec les portes du studio d’enregistrement closes. L’équipement fut utilisé exactement de la même façon que pour un enregistrement professionnel.

PN avait fabriqué trois circuits à diodes dans des boîtes en métal en suivant les instructions que le professeur Alex Schneider avait indiquées dans Breakthrough(voir p. 341). Ces circuits avaient été construits avec des composants proches de ceux qui sont décrits dans le livre car les diodes exactes que l’on pouvait trouver dans les années 1960 ne sont plus disponibles de nos jours. Ces diodes furent utilisées dans certains des enregistrements de juin connectées à l’enregistreur à cassettes analogique.

La première expérience se déroula le 12 juin. Elle consista en une conversation banale entre AC et PN qui jouait le rôle de participant dans l’expérience. La lune était croissante ce jour-là. Les conversations, avec ou sans questions aux présumés interlocuteurs, étaient l’une des méthodes qu’avait employées Konstantin Raudive dans les expériences qu’il mena en Angleterre (Bander, ibid, 1972) tout comme Friedrich Jürgenson dans les expériences conçues et contrôlées par le professeur Hans Bender durant lesquelles on entendit des voix supplémentaires commenter les sujets de la conversation (Bender, 1970 ; 2011). Les deux microphones, à condensateur et dynamique, furent connectés au système d’enregistrement numérique du studio. La salle informatique est également isolée acoustiquement ; elle est séparée du studio d’enregistrement par une glace à double vitrage et deux lourdes portes insonorisées. PN opérait directement sur le système analogique du studio où l’expérience avait lieu. PN connecta un microphone à l’une des pistes de l’enregistreur à cassettes et l’une des diodes à l’autre piste de l’appareil. Les deux pistes de l’appareil enregistraient simultanément sur la même bande vierge, chacune sur un canal différent, gauche et droit. On n’ajouta pas de bruits à l’environnement. On ne détecta aucune nouvelle voix lors de ce premier test.

Le 17 juin, une fois encore au crépuscule, on effectua une nouvelle séance d’enregistrement au studio Metropolis. Le temps était chaud et clair, et la lune allait être pleine le lendemain. La première expérience de la journée (en moyenne, chaque test d’enregistrement prenait entre 15 et 20 minutes, et on réalisait habituellement deux ou trois enregistrements à chaque séance) consista en une conversation normale entre AC et PN sans bruit de fond explicite.

Au cours de l’enregistrement suivant, AC expérimenta seule en studio pendant que Iago, le technicien du son, supervisait l’enregistrement depuis la salle informatique. Cette fois-ci, AC décida de suivre un protocole différent. On utilisa comme bruit de fond les signaux que produisait aléatoirement une radio Sony ICF-SW7600 GR réglée entre deux stations et les grésillements que générait un récepteur « large bande » transformé que l’on ne peut pas régler sur une station de radio (Cardoso, 2001). On régla la radio Sony sur 7.249 KHz car cette fréquence semble générer moins d’interférences (PN découvrit que la batterie de la radio était défectueuse et qu’elle produisait beaucoup d’interférences électriques.)

Au commencement du test, AC déclara que ce projet était une version revisitée des travaux de Konstantin Raudive et demanda : « …est-ce que le docteur Konstantin Raudive m’entend ? » Lors de cette courte question, la radio se mit à produire des voix et AC mentionna le fait avec force pour que l’information soit conservée sur l’enregistrement car elle pensait qu’une émission de radio avait réussi à passer. Aussitôt que AC termina sa première interrogation à propos de Konstantin Raudive, les voix de la radio surgirent ; AC mentionna le fait et diminua le volume à son minimum, pensant qu’il s’agissait en fait d’une émission de radio.

Le technicien du son présent dans la salle informatique adjacente entendit également les voix pendant l’enregistrement. Les voix, masculines, étaient basses et perturbées par des interférences électriques manifestement causées par la batterie ; il fut incapable de les comprendre directement.

Lorsque l’expérience prit fin, AC et le technicien du son écoutèrent l’enregistrement et comprirent que les voix s’exprimaient en portugais. Les mots prononcés le plus fort semblaient dire « Está no estúdio » et ils étaient suivis du mot presque imperceptible « aqui » (Fichier U_87_03 à 00:01’:37‘’). (Traduction : « (Il) est dans le studio (ici) »). Ces mots furent suivis par un message qui semblait vouloir dire : « Falamos p’ra… ? » (« Nous parlons pour. ») Il était impossible d’interpréter ces premiers mots audibles très feutrés et indistincts avec certitude car l’amplitude est basse et le rapport signal sur bruit est très faible comme dans par exemple : « o Konstantin Raudive… » (« Konstantin Raudive… ») L’amplitude des voix est approximativement -31.5 dB [1] . Sachant que la question de AC était de savoir si Konstantin Raudive pouvait l’entendre, cette réponse semblait cohérente. Pouvait-il s’agir d’une Direct Radio Voice (DRV) paranormale ? Pour évaluer cette possibilité, il était primordial d’être sûr du contenu des voix de la radio et c’était précisément l’étape suivante de l’enquête.

Le fichier audio fut soumis à l’analyse de plusieurs professionnels, à l’exemple de Rafael, le technicien en chef de Sodinor (un studio de Vigo qui double des films) et à d’autres spécialistes du son. Les tests d’écoute eurent lieu au studio Metropolis où il fut possible de confirmer la teneur des messages. Les personnes impliquées dans ces analyses étaient des gens expérimentés. Aucun d’eux ne connaissait le phénomène des DRV. Les plus entraînés d’entre eux entendirent les mots « Está no estúdio ». Au total, le fichier fut entendu et analysé par plusieurs dizaines de personnes. Leurs conclusions étaient que le ratio signal/bruit était très faible et confirmèrent les mots «… está no estúdio » et « Falamos ». On peut se demander si AC aurait directement entendu le message des voix sur la radio si elle n‘avait pas baissé le volume de la radio comme elle le fit. On peut aussi émettre l’hypothèse que les voix avaient répondu à la question de AC à propos de Konstantin Raudive et, dans ce cas, il s’agirait d’un phénomène paranormal.

On n’entendit ni détecta aucune voix au cours de l’expérience qui suivit et à laquelle PN participa également. La radio qui émet des grésillements, alors réglée sur 7.248 KHz, fut utilisée comme bruit de fond.

Le 24 juin, à 20 heures, une nouvelle série d’expériences fut conduite au studio Metropolis. La lune était décroissante et le ciel particulièrement nuageux. Cette fois-ci, seul le microphone à condensateur fut branché au système d’enregistrement numérique. Des diodes équipèrent les deux pistes analogiques de l’enregistreur à cassettes à partir duquel on procéda à un enregistrement digital. On identifia quelques murmures avec un contenu sémantique apparent ; néanmoins, en dépit du fait que la majorité des voix enregistrées en la présence du professeur Hans Bender avec Friedrich Jürgenson comme principal opérateur « révélèrent contenir, suite à des analyses, des caractéristiques manifestes de discours se situant à la limite de la perception humaine » (Bander, ibid, 1972), les très faibles murmures ne seront pas pris en considération dans cette étude. On ne détecta aucune voix distinctement dans ce test.

Le 27 juin, une nouvelle série de tests eut lieu au studio Metropolis. On retira les diodes de l’enregistreur à cassettes Telefunken et on brancha cette fois-ci les microphones à condensateur et dynamique au matériel d’enregistrement numérique. La lune était décroissante le 26.

À cette occasion, une très belle voix que l’on ne put entendre directement sur la radio Sony utilisée comme source de bruits de fond aléatoire, alors réglée sur 7.429 KHz et produisant un léger grésillement, apparut sur le disque dur de l’ordinateur : elle ne fut perçue par l’équipe que lors de la phase de réécoute. Il s’agissait d’une douce voix féminine avec beaucoup d’écho qui semblait parler depuis l’autre bout d’un tunnel long et large ; la voix donnait l’impression de prononcer en portugais la phrase suivante : « Somos nós (Luís) » (Traduction : « C’est nous (Luís) ».) Cette fois-là, AC avait travaillé avec PN, et toutes ses questions et commentaires avaient été exprimés en anglais.

La voix fut captée à la fois par le microphone dynamique et le microphone à condensateur, et bien que d’habitude les niveaux d’enregistrement sont définis à la même valeur pour les deux microphones, le Shure SM58 enregistra à un niveau bien plus bas (le message avait une amplitude de -41.6 dB). Comme cela s’est produit tout au long de ces expériences, même s’il était plus bas, le son semblait être plus précis dans le fichier du micro dynamique que dans celui du micro à condensateur qui présentait un pic de -19.5 dB. (Fichiers SM58_05 et U87_03, minute 07’:20’’). Il est vraisemblable que ceci soit dû aux caractéristiques des microphones.

La voix apparaissait dans l’enregistrement après que AC ait terminé l’une de ses questions en disant « … est-ce bien Rio do Tempo ? » AC comprit les deux premiers mots des trois que comprenait la phrase « Somos nós » (et peut-être Luís) la première fois qu’elle l’entendit. Le dernier mot n’est pas très clair car il est prononcé beaucoup plus faiblement et il donne l’impression de s’estomper progressivement depuis une étrange position spatiale. Des analyses ultérieures effectuées par un groupe de professionnels portugais, du technicien du son en chef du studio Sodinor dont il a déjà été question et de deux techniciens du studio Metropolis, permit de confirmer la compréhension des mots « Somos nós » mais le troisième mot ne fit quant à lui pas l’unanimité (probablement « Luís » mais certains y entendirent « Sim ») du fait de sa très faible amplitude. Il est intéressant de noter que Luís était le prénom du frère décédé de AC et que le 27 juin était la date de son anniversaire.

Dans le test qui suivit immédiatement après, et qui était le second de la soirée, AC mentionna l’anniversaire de Luís et demanda si son frère pouvait lui répondre. Il faut souligner qu’il n’y avait encore pas eu de réécoute quand ce second test démarra et que, par conséquent, la phrase « Somos nós » n’avait pas encore été détectée. La coïncidence entre la date et le mot « Luís » peut être interprétée de deux façons :

— le mot « Luís » est effectivement à relier à la date de l’expérience,

— lorsque l’on cherche à trouver une signification, le subconscient peut arriver à faire entendre le mot désiré.

Ce second test fut réalisé avec un bruit de fond produit par les deux diodes en silicone, bruit amplifié par l’électronique de l’appareil à cassettes ; ce bruit de fond transitait via une console de mixage d’où il était redirigé vers un haut-parleur qui relayait ce son dans la salle d’enregistrement dans le but d’altérer les voix de AC et PN qui furent enregistrées numériquement par les deux microphones. PN décrit le « nouveau système » dans l’enregistrement (Fichiers U87_04 et SM58_06). Aucune nouvelle voix ne fut captée.

À propos des deux voix enregistrées en juin, PN écrivait dans son rapport technique n° 2 :

« … De tous les tests et analyses réalisés en juin, seules deux voix demeurent inexpliquées. La première a été capturée par un microphone U87 et enregistrée numériquement par un système Digidesign ProTools. Malgré le fait que le contenu du message n’a pas fait l’unanimité, aucun des membres de l’équipe du studio d’enregistrement n’a pu se souvenir avoir déjà capturé une voix semblable au cours d’une séance d’enregistrement normale (en studio), et aucune tentative pour reproduire une voix similaire n’a été ne serait-ce que vaguement concluante. La seconde voix, légère mais avec beaucoup d’écho, a été capturée simultanément le 27 juin par le microphone Neumann U87 à condensateur et par le microphone Shure SM 58 à bobine mobile. Les enregistrements effectués simultanément sur l’enregistreur à cassettes via deux circuits à diodes différents (n° 1 et 2) ne montraient aucun signe de la voix. On n’a pu trouver aucune explication pour savoir comment une telle voix avait pu franchir l’isolation phonique du studio, et il n’y avait aucun espace permettant d’obtenir un écho à l’intérieur du studio. Nous avons programmé un test en juillet pour trouver des voix externes dans l’environnement du studio afin de déterminer s’il était possible de détecter une voix similaire… »

Et dans son rapport technique n° 3, PN résume :

« En quelques mots, rien ressemblant à ces deux voix paranormales n’a été capturé, et nous n’avons pas réussi à reproduire quoi que ce soit d’identique. De plus, la voix féminine avec de l’écho (la seconde des voix dont il est question ici), capturée le 27 juin, présentait un son caractéristique et il était difficile d’imaginer cette voix être arrivée d’une manière normale dans les haut-parleurs de la radio à ondes courtes qui était alors utilisée comme bruit de fond. La voix avait son très différent de celui de la radio (une Sony ICF-SW7600GR) et, de plus, aucune des personnes présentes dans la salle au moment de l’enregistrement (Anabela et moi-même) et qui se trouvaient à moins de deux mètres de la radio, ne se souviennent avoir entendu cette voix. »

Les enregistrements de novembre

Le 13 novembre, aux environs de 17 h 00, se tint une nouvelle séance au studio Metropolis au cours de laquelle AC était la seule opératrice. Le ciel était clair, frais, et la lune était pleine ce jour-là. Les techniciens du son PN et Marco Lima (ML) étaient également présents.

Ici, la grande innovation était l’emploi du psychophone. PN avait construit la machine en se référant aux plans de Breakthrough. Un microphone était directement relié au psychophone lui-même directement connecté au système d’enregistrement numérique ProTools. Le psychophone est un appareil qui n’émet pas de bruit. Les autres équipements (les habituels microphones à condensateur et dynamique du studio Metropolis, ainsi que le microphone dynamique cardioïque apporté par ML et monté sur un système MS) avaient également été préparés pour enregistrer indépendamment du psychophone et en même temps que lui. Il n’y eut pas d’enregistrements analogiques.

En dehors de la voix de l’opératrice recueillie par les microphones, le psychophone captura aussi un mélange d’émissions radio que l’on put entendre lors de la phase de réécoute ; rien de tout cela ne fut entendu directement. Plusieurs voix manifestement paranormales qui avaient été enregistrées furent détectées pendant la réécoute. Certaines d’entre elles donnaient l’impression d’avoir un accent portugais caractéristique et d’exprimer des choses pertinentes comme « Ela é portuguesa ? » (« Est-elle portugaise ? ») ou (traduction) : « Vous êtes venus d’un autre monde », etc.… Toutefois, on n’en tiendra pas compte dans le cadre de cette recherche car ces messages sont trop entremêlés avec les voix de la radio et il peut s’agir ici de paréidolie ; par conséquent, il serait trop risqué de leur attribuer un caractère paranormal.

Des bruits flagrants, apparemment non produits dans l’environnement contrôlé de l’enregistrement, apparurent : un crissement peut-être produit par le crayon de AC écrivant l’heure sur un papier à l’intention de PN est immédiatement suivi par un tapotement, et une série de trois coups secs rappelant celui d’une balle de ping-pong rebondissant sur une surface dure précède des murmures très rapides. Durant les premiers mois de son expérimentation en 1998, AC enregistra des bruits de coups très proches dont l’environnement de l’enregistrement n’était manifestement pas à l’origine (Cardoso, ibid, 2010).

On distingue également un murmure qui semble avoir été construit à partir du bruit ambiant et qui fut finalement détecté dans les enregistrements des microphones et du psychophone. Il se situe entre les bruits mentionnés plus haut et semble répondre à la question que AC avait posée en anglais : « Est-ce que le psychophone est un bon moyen de recevoir vos messages EVP ? » La phrase murmurée ressemblait à « Contacto pode fazer no rádio » (« Vous pouvez faire un contact dans (par) la radio »). (Fichiers PSICHOPHONE Line_02 à 05’:00’’, SM 57 Dynamic_02, U 87 Condenser_02 SE 4400 8 figure_02, tous à 04’:59’’). Les sons qui provenaient du psychophone étaient plus ajustés, sonnant davantage comme une véritable voix tandis que ceux enregistrés par les autres microphones, avec le même contenu, ressemblaient plus à des bruits vocalisés. Les murmures sont pratiquement inaudibles dans le système d’enregistrement MS. Lorsque le murmure apparemment anormal s’éteint, un puissant coup est audible dans l’enregistrement. A la fin de cette séance particulière, PN déclare à haute voix pour l’enregistrement qu’il s’était concentré sur les bruits de l’environnement tout au long de ce test et qu’il n’a rien entendu, et ML ajoute qu’il avait fait de même et que AC, PN et lui-même n’avaient produit que quelques bruits d’estomac et de salive.

  1. Expériences avec AC et les opératrices portugaises Luísa Alcãntara et Maria dos Anjos Antunes

Les premiers enregistrements se déroulèrent au studio Metropolis. Les enregistrements expérimentaux utilisèrent du bruit artificiellement généré par un support sonore et ne donnèrent aucun résultat significatif. Néanmoins, on se rendit compte que des voix parfaitement claires qui ne provenaient pas des personnes présentes se trouvaient sur les enregistrements lorsque le petit groupe composé des deux opératrices portugaises, de l’auteure, de Philip Newell et de Francisco, le mari de Luísa, préparèrent une nouvelle expérience qui allait utiliser des voix humaines comme bruit de fond.

Sachant que le docteur Konstantin Raudive et Friedrich Jürgenson avaient eu recours à des conversations dirigées pour leurs enregistrements (Bander, 1972 ; Bender, 1970 ; 2011), on décida de mettre en place une expérience utilisant des phonèmes vocaux ; certains pensent en effet que le son de la voix humaine facilite la production de voix électroniques paranormales. Cette idée se base sur la supposition que les communicateurs se servent de phonèmes humains comme « matière brute » à partir de laquelle ils génèrent leurs messages, et il semblerait que cette idée soit à l’origine du logiciel EVP maker. Même si de nombreux opérateurs EVP privilégient actuellement des méthodes qui reposent sur l’utilisation de phonèmes humains, sous quelque forme que ce soit, il ne faut pas oublier que ce procédé augmente la probabilité de paréidolie. Ce facteur devrait être soigneusement pris en compte lorsque vient le moment de procéder à l’analyse des résultats.

Préparation de l’expérience EVP avec des phonèmes humains comme bruit de fond

On élabora une expérience qui permettrait d’exploiter les phonèmes humains tirés de conversations informelles qui se tiendraient entre les opératrices et les participants ; ces sons seraient enregistrés en direct dans la salle d’enregistrement isolée phoniquement du studio Metropolis. Pour ce faire, le groupe inventa des phrases et engagea une discussion illogique et comique ; certains récitèrent des poèmes. AC demanda à ce que le fichier de la conversation soit inversé et l’utilisa comme bruit de fond dans l’expérience qui allait suivre ; l’idée d’inverser les conversations enregistrées était de fournir un bruit de fond composé de phonèmes humains dénués de tout contenu sémantique pour l’expérience.

L’enregistrement préliminaire informel eut lieu aux heures habituelles des tests, soit vers 21 heures le 26 juillet 2008, dans la principale salle d’enregistrement du studio Metropolis. La lune était décroissante la veille. Comme à l’accoutumée, toutes les portes du studio étaient closes. Les cinq personnes présentes (AC, Luísa Alcãntara, Maria dos Anjos Antunes, son mari Francisco, et PN) discutèrent en proférant des phrases insensées comme cela a été expliqué.

Contre toute attente, on décela dans ces enregistrements informels des phrases exprimées par des voix qui semblaient très différentes de celles des opératrices et des participants. L’une d’elles, d’une clarté et d’une intelligibilité exceptionnelles, semblait appartenir à un jeune garçon et disait : « e um pouco envergonhado ». (Traduction : « et un peu honteux [timide] »). Cette phrase est précédée d’une voix féminine qui déclare :  « já estou a ficar nervosa » (« Je suis déjà nerveuse ») ; la voix féminine, très distincte, s’exprime en portugais et est manifestement très différente des voix des trois femmes présentes. Elle apparaît au milieu d’une phrase que AC prononce en anglais. Les propos que tenaient AC semblent avoir été brutalement coupés et remplacés par cette phrase en portugais, dans un genre de superposition de la voix de AC. Toutefois, à la fin de la phrase que prononçait AC, on peut entendre simultanément les deux voix : un fragment de la voix de AC et les derniers phonèmes de la voix féminine supplémentaire. La voix masculine juvénile qui dit : « e um poucu evergonhado » vient ensuite avant d’être elle-même suivie par une autre voix encore qui murmure quelque chose difficile à saisir du fait que le message est étouffé. D’une certaine manière, ces phrases ressemblent à une conversation entre deux ou trois personnes, physiquement invisibles, qui observent et commentent ce qui se passe dans le studio car une dizaine de secondes plus tard, AC incitait PN à s’exprimer en disant « Dis des trucs Philip ! » Jusque-là, PN était resté plutôt silencieux, ne prenant pas part à la conversation insensée alors en cours. À cela, PN répondit timidement : « … c’est difficile dans ces étranges circonstances ».

Ces mystérieux phénomènes acoustiques démarrent à 02’:29’’ des différents fichiers qui ont été enregistrés à partir des microphones à condensateur et dynamique et du magnétophone analogique. (Fichiers Audio2_01, condenser_02, dynamic_02 du 26 juillet 2008) et s’étendent presque sur cinq secondes.

Au cours du même enregistrement préliminaire, une autre voix très intéressante qui ne ressemble pas à celles des opératrices ou des participants commente directement et de la même manière ce qui se passe dans la salle à 03’:07’’. AC venait juste de réprimander Francisco pour son silence et l’incitait à parler en lui disant pour rire en portugais : « Les hommes sont bien calmes ici, que se passe-t-il donc ? » A cet instant, une voix masculine apparaît dans l’enregistrement et dit clairement en anglais : « It is hot ! » (« C’est chaud ! »). Il est possible de l’entendre distinctement pendant que Maria dos Anjos récite doucement un poème en portugais en guise de bruit de fond. Cette voix fut enregistrée par tous les appareils. [2] La conversation qui se tenait entre les opératrices et les participants que j’ai décrite plus haut se déroulait dans l’euphorie et une ambiance animée.

Etant donné que ces fichiers n’allaient faire l’objet d’aucune analyse et qu’on allait les utiliser uniquement comme bruit de fond pour l’expérience EVP suivante, ces fichiers ne furent pas réécoutés et furent inversés numériquement par le technicien du son du studio Metropolis avant d’être rediffusés comme bruit de fond pour l’expérience EVP avec questions qui suivit.

Les voix supplémentaires dans les fichiers originaux furent détectées lors de la phase de réécoute qui suivit par pure chance sachant que cet enregistrement ne faisait pas partie du test et que de ce fait il n’était pas censé être soumis à une réécoute mais simplement inversé en vue d’une utilisation à venir.

On compara ensuite le fichier audio inversé utilisé dans l’expérience au bafouillage original non inversé qui avait par bonheur été conservé sur le disque dur de l’ordinateur du studio Metropolis.

Un fait insolite se produisit dans l’expérience formelle qui utilisa ces voix inversées comme bruit de fond. À 03’:40’’ (Fichiers Condenser_03 et Dynamic_03), l’opératrice Maria dos Anjos demanda si quelqu’un l’écoutait et si il ou elle pouvait lui donner son nom. Cinquante secondes plus tard et immédiatement avant qu’elle pose sa question suivante, on peut entendre la voix inversée de Francisco dire clairement « Felipe » (« Philippe ») ; il s’ensuit une pause de deux secondes et sa voix poursuit « Felipe da Silva » (« Philippe da Silva »), un prénom et un nom de famille portugais. On vérifia le premier fichier audio et on découvrit qu’à ce moment exact, Francisco qui bégaya dut répéter un mot après l’avoir mal prononcé. Comme Francisco ne bégaye habituellement pas, cet épisode se révèle encore plus intéressant car ce bégayement et cette répétition d’un mot précis permit la formation d’un prénom et d’un nom de famille à temps pour répondre à la question de l’opératrice, c’est-à-dire avant qu’elle pose sa question suivante. Il serait vraiment utile d’évaluer la probabilité pour qu’une telle chaîne d’événements se produise.

Expériences avec les mêmes opératrices au laboratoire d’acoustique de l’Université de Vigo

Ces tests se déroulèrent le 28 juillet 2008 entre 13H30 et 15H00. La lune était toujours décroissante. Dans son rapport technique, PN dit à propos des expériences de l’Université : « Une série d’enregistrements a été réalisée avec comme bruit de fond un CD de bruit blanc qu’ont diffusé les haut-parleurs du laboratoire qui couvrent tout le spectre audio. Des enregistrements ultérieurs ont été faits avec la radio Sony déjà évoquée réglée à 13.600 KHz  comme source de bruit. L’antenne était repliée. Il est également notable qu’aucun portable n’avait de réseau dans ce laboratoire hautement insonorisé qui se trouve à côté du laboratoire de radiofréquence et qui partage une grande partie de son isolation. On ne pouvait entendre rien d’autre qu’un faible son émaner de la radio. Après les enregistrements, la bande magnétique fut copiée sur le CD que l’on installa le lendemain dans le système ProTools du studio Metropolis. La cassette audio fut également transférée dans le système ProTools le jour suivant. »

Comme d’habitude, les expériences consistèrent en une série de trois ou quatre questions posées par chacune des opératrices à de supposés interlocuteurs. Chaque question était suivie d’une période de silence s’étalant de une à deux minutes avant qu’une autre question ne soit posée.

On détecta des altérations du bruit blanc dans les expériences qui exploitaient cette technique. L’équipe d’écoute constituée de AC, ML et Rafael, le technicien du son en chef du studio Sodinor nota sans peine la présence de chuchotements avec des contenus linguistiques. L’amplitude est très faible (approximativement -32.5 dB, alors que le bruit blanc enregistré par le système d’enregistrement numérique se situe aux environs de -34 dB). Le message le plus clair fut enregistré au cours d’une expérience de AC et semble être une réponse pertinente à la question que l’opératrice pose en anglais à 04’:57’’: « Etes-vous ici aujourd’hui encore, avec nous, dans ce studio de l’Université de Vigo ? » Une voix masculine murmure en portugais, à 5’:07,9’’ du fichier audio numérique (Fichier Extract from CD 2 – Track 3 ANABELA) et à 16’:24,3’’ de l’enregistrement analogique : « Está aqui o Cardoso »( Cardoso est là). « Cardoso » est le nom de famille du père de AC, de son frère ainsi que d’autres membres de sa famille décédés du côté paternel. Les collègues du défunt frère de AC, qui était capitaine dans la marine marchande, avaient l’habitude d’appeler ce dernier « o Cardoso » au lieu de son nom complet, Luís Cardoso qu’ils n’utilisaient jamais. On peut entendre cette voix aussi bien dans le système d’enregistrement numérique de l’Université que dans la bande de l’enregistreur Telefunken (Fichiers Tape Audio 1_01.L et Tape Audio 1_01.R ). Le son est plus net dans l’enregistrement numérique et ceci peut être dû au fait qu’il n’y a pas de bruit de machine ou de bandes, mais le message est plus fort sur l’enregistrement à cassettes où on peut l’entendre directement sans avoir besoin de l’amplifier (-25,4 dB alors que le bruit blanc comme bruit de fond qui le précède immédiatement a été enregistré à -27,2 dB). Après un nettoyage de bruits grâce au logiciel Sound Forge Pro 10, le contenu devint plus clair et facilement compréhensible par quiconque connaît suffisamment bien le portugais.

On ne détecta aucun murmure ni aucune voix dans les tests qui suivirent et dans lesquels on utilisa les grésillements de la radio Sony comme bruit de fond.

Toutefois, des anomalies apparentes, des voix nettes, furent enregistrées à la fin de la première expérience EVP avec Luísa Alcãntara. Philip Newell, qui avait déconnecté l’équipement analogique mais pas le numérique, échangea quelques mots avec Luísa avant d’ouvrir la porte du studio. On peut entendre ensuite un grincement métallique dans l’enregistrement, aussitôt suivi par une voix féminine claire et bien structurée qui dit en portugais : « Estamos aqui por cima ». (Traduction littérale : « Nous sommes là, au-dessus ») à -33 dB. Ce message est suivi par un cri d’un enfant qui semble venir de très loin et vouloir dire : « Só isso ! » à -36 dB (« Seulement cela ! [C’est tout] »). Avant cette dernière voix, presque à un niveau inaudible, on peut distinguer, avec une amplification adéquate, un faible écho de cette même phrase. (Fichier Extract from CD1 – Track 2 LUISA ANJOS à 06’:49’’).

Les tests eurent lieu pendant les vacances scolaires, et à part PN, les trois opératrices et Francisco, il n’y avait personne d’autre dans le vaste bâtiment de l’Université où se trouve la chambre acoustique. Lorsque l’on considère le caractère sémantique évident de ces phrases exprimées en portugais, qui peuvent être aisément comprises par tous ceux dont c’est la langue maternelle, leur sonorité particulière et le fait qu’elles ne présentent aucune similarité avec celles des opératrices ou des deux hommes présents, il semble que ces voix peuvent être vues comme des phénomènes sonores anormaux.

  1. Expériences avec l’opérateur EVP espagnol Iñaki

Du 5 au 8 août 2008, le célèbre opérateur José Ignacio Carmona (Iñaki) vint de Tolède pour participer à cette étude (Carmona, 2010). Cet opérateur expérimente sans ajouter aucun bruit de fond et contrôle l’enregistrement tout du long en direct avec des écouteurs.

Tests du 5 août au studio Metropolis

Le 5 août, il y avait une nouvelle lune et il était aux alentours de 19H30 quand Iñaki expérimenta seul au studio Metropolis sans aucun bruit de fond explicite. AC et PN restèrent à ses côtés dans le studio mais gardèrent le silence.

Le bruit environnemental de la salle au cours de l’expérience tournait autour de -50 à -52 dB selon le microphone à condensateur, et autour de -56 dB et moins encore pour le microphone dynamique. La voix de l’opérateur montrait souvent une amplitude de -35 dB dans les enregistrements du microphone dynamique.

L’incident le plus intéressant de cette soirée est peut-être l’enregistrement de ce qui ressemblait à des bruits de pas. Tous les participants étaient restés assis en silence sur des chaises, sans bouger, au cours de l’expérience. Bien que Iñaki ne le mentionna pas lors de l’enregistrement, il déclara à AC et PN aussitôt la séance terminée qu’il avait distinctement entendu des bruits de pas dans ses écouteurs à un moment donné de l’enregistrement (personne d’autres de les avait entendus). Il s’avéra que des coups rythmiques avaient en effet été enregistrés numériquement à la minute 03’:15’’ par les microphones à condensateur et dynamique. L’enregistreur à cassettes Telefunken avait enregistré les mêmes bruits à la minute 02’:50’’. L’enregistrement analogique est plus fort (environ -24 dB) et il est possible d’entendre ces sons directement sans amplification. Cette série de trois coups précède immédiatement ce qui pourrait être le bruit des ressorts de la chaise de l’opérateur. Bien que le studio soit parfaitement insonorisé, il est extrêmement difficile de dire si ces coups ont une origine paranormale.

Iñaki au laboratoire de l’Université le 6 août

Comme la veille, Iñaki décida d’opérer sans aucun bruit de fond explicite. Ces enregistrements furent réalisés une fois encore avec l’équipement professionnel de l’Université et l’enregistreur Telefunken connecté au microphone Sennheiser dont s’occupa Philip Newell. AC était également présente. Les tests commencèrent à 14H15.

Plusieurs incidents remarquables furent enregistrés au cours de cette expérience. De la minute 12’:42’’ à 12’:47’, l’expérimentateur demande aux interlocuteurs invisibles de reproduire le bruit de pas qui avait été enregistré la veille au studio Metropolis. A la minute 12’:56,9’’ (Fichier 2 Pista de Audio.L), on entend un bruit que l’on peut prendre pour deux pas mais à une amplitude inférieure à celle de la veille ; un bang sonore suit quelques secondes plus tard (13’:18,6’’).

Il est impossible d’entendre directement les « pas » dans l’enregistrement analogique, mais le « bang » peut l’être quant à lui même s’il a été enregistré à un niveau inférieur (Audio 1_01.L)

À la minute 15’:45’’, l’expérimentateur demande aux communicateurs s’ils souhaitent manifester leur présence de quelque manière que ce soit. À 15’:53,6’’, on peut entendre un faible coup qui est immédiatement suivi par cinq autres coups nets et rapides (que l’on peut entendre directement et aisément dans les deux enregistrements).

À la minute 17’:57’’ du même fichier, l’opérateur demande si les interlocuteurs invisibles sont capables de lire ses pensées et à la minute 18’:04’’, une faible voix masculine chuchote en portugais « Somos capazes, sim » (« Nous en sommes capables, oui »). L’amplitude est très basse, seulement -44 dB ; ce message a besoin d’être amplifié de manière significative et nettoyé pour pouvoir être compris.

À la minute 22’:48’’, le son de ce qui ressemble clairement à trois chiens en train d’aboyer fut enregistré par le DAT de l’Université alors que l’on ne peut entendre qu’un seul aboiement dans l’enregistrement analogique. Il s’agit probablement du fait le plus notable de cet après-midi car, six secondes plus tard, l’opérateur s’adresse à sa chienne disparue, Golfa [3], et lui demande un signe, un aboiement, quelque chose pour montrer qu’elle est là. Les « aboiements » ont une amplitude de -37,5 dB et sont directement audibles. Après avoir été légèrement amplifiés, on fit écouter ces enregistrements à plusieurs personnes inexpérimentées sans leur donner d’indication ; plus d’une douzaine d’entre elles identifièrent aussitôt ces sons comme des aboiements. Etant donné qu’il n’y avait pas de chien à l’intérieur ni à proximité de la chambre (ni même dans le bâtiment désert), et qu’en outre il est impossible à un chien de pénétrer dans le laboratoire d’acoustique lourdement isolé, il semble légitime de voir là des sons paranormaux. De plus, il peut paraître spéculatif mais sensé de relier cet incident à ce qui a été dit plus haut, à savoir que les communicateurs sont en mesure de lire les pensées de l’opérateur et y voir une réponse à la demande de l’opérateur qui souhaitait recevoir un signe de la présence de sa chienne.

Les chuchotements présentant un présumé contenu sémantique apparaissaient souvent avant ou après l’émission de bruits physiologiques involontaires produits par l’opérateur comme la salive, la respiration, des bruits d’estomac ou encore les bruits que pouvaient également causer ses mouvements sur la chaise ; en effet, l’une des chaises faisait un cliquetis à chaque fois que l’opérateur bougeait dessus. Il est facile de retrouver ces faibles bruits dans les enregistrements ; aucun d’eux ne peut expliquer ou être pris pour les aboiements mentionnés plus haut.

PN réalisa l’expérience informelle suivante en enregistrant le murmure de la conversation entre Iñaki et AC pendant que ces derniers marchaient dans le long couloir de l’établissement. La double porte du laboratoire d’acoustique était restée ouverte si bien que le chuchotement de la voix des opérateurs pouvait arriver jusqu’à la chambre et permettre à PN de l’enregistrer (Fichier 3 Pista de Audio. L). Il n’y avait personne d’autre dans le grand bâtiment où se trouve le laboratoire. Philip Newell alla s’en assurer et lorsqu’il revint, il dit à haute voix de telle sorte à être enregistré : « Il n’y a personne d’autre en ces lieux. »

Comme cela s’était déjà produit avec les expérimentateurs portugais, des voix apparemment paranormales furent enregistrées lors de cette expérience informelle. Elles débutent à 0’:16’’ du fichier audio mentionné avec une phrase que prononce clairement une voix masculine dans un mélange de galicien local et d’espagnol : « Ment[r]es [4] paseo yo en Vigo ! » (« Pendant ce temps, je vais me promener à Vigo ! ») immédiatement après que Iñaki ait remarqué que son appareil DAT personnel était resté en mode enregistrement et qu’il disait : « … et mon enregistreur continue à enregistrer ; bon tout va bien, je verrai ça plus tard. »

Quelques secondes plus tard, à 00’:26’’ de l’enregistrement numérique, alors que AC et Iñaki discutaient encore dans l’entrée du laboratoire avant de se diriger vers le couloir (PN resta à l’intérieur pour contrôler l’équipement), une voix masculine très différente chuchota en portugais : « Há passagem » (« Il y a un passage »). Ce « passage » faisait-il référence à la manière dont les voix s’y prennent pour nous parvenir ? On peut l’interpréter ainsi.

Vingt-trois secondes plus tard, à 00’:49,7’’, aussitôt après le commentaire de AC en espagnol « Ya está ! » et alors que la résonance du dernier phonème de la puissante voix de AC est encore audible dans l’enregistrement, deux très belles voix féminines s’expriment en espagnol ; l’une dit : « Per[o] [5]huye » (« Mais [il] s’enfuit ») et l’autre, très mélodieuse et présentant beaucoup d’écho : «No cree ! » (« [Il] ne croit pas !). Ces voix apparaissent dans les deux systèmes. AC était revenue à la porte de la chambre pour vérifier que celle-ci était restée ouverte et dit : « Ya está » (« C’est fait ») après l’avoir calée avec un morceau de bois. Les opérateurs estimèrent que la teneur de ce message d’une origine inconnue peut être vue comme une référence à PN qui n’est pas bien disposé à l’égard du phénomène des voix.

Ce qui peut être interprété comme « O Luís é surpresa » (« [Pour] Luís, c’est une surprise ») prononcé par une voix féminine et enregistré à la minute 2’:03’’ et semble se superposer aux voix de Iñaki et AC qui discutent. Comme on l’a déjà dit, Luís était le prénom du défunt frère de AC. À la minute 02’:25,6’’ du même fichier, une voix masculine et chantante se trouve dans l’enregistrement et semble dire en portugais : « Lá vem Luís ! » (« Voici Luís qui arrive ! »). Les deux opérateurs, AC et Iñaki furent de retour au laboratoire d’acoustique une vingtaine de secondes plus tard. Les messages « O Luís é surpresa » et « Lá vem Luís » ne seront pas pris en compte dans le cadre de cette recherche car ils sont trop entremêlés avec les voix des opérateurs et il serait trop risqué d’y voir une origine paranormale. Toutefois, ces phrases restent anormales et sont mentionnées ici en vue d’apporter de l’éclairage sur le phénomène des voix électroniques qui semblent tirer profit d’un environnement quelque peu chaotique et incontrôlé. Elles sont bien plus nettes dans l’enregistrement numérique de l’Université que dans celui de l’enregistreur à cassettes.

Lors de l’expérience suivante, AC et Iñaki expérimentèrent ensemble dans la chambre acoustique. La séance fut enregistrée numériquement sur « 4 » et « 5 Pista de Audio L. » Deux murmures apparemment anormaux furent détectés dans cet enregistrement. Le plus évident était une réponse à la remarque qu’adressait Iñaki à Jürgenson, Raudive, Germán de Argumosa et d’autres célèbres pionniers de l’EVP. Il terminait en disant : « A présent, de l’autre côté, vous pouvez témoigner que le contact est possible ». La question s’achevait à la minute 07’:41’’ et, à la minute 08’:04’’ du fichier « 05 Pista de Audio .L », une voix qui semble dire tout doucement « Era o contact o… » (« C’était le contact… ») est enregistrée à -43 dB d’amplitude. Le bruit naturel de l’environnement au cours de l’expérience oscillait entre -44 dB et -45,6 dB. Comme cela a déjà été dit, l’opérateur espagnol effectue ses enregistrements sans source de bruit additionnelle.

Tout au long de ces expériences, les chuchotements recueillis sans bruit de fond sont plus faibles que ceux enregistrés avec un support sonore. Les premiers doivent être similaires aux « effets de voix à basse amplitude enregistrés sur cassettes » décrits par Bayless pour lesquels il souligne la nécessité d’une « forte amplification » (Bayless 1980, Scott Rogo et Bayless 1979).

A la fin de la séance, PN attire l’attention de l’opérateur sur les bruits métalliques que peut faire l’une des chaises et qu’il a délibérément enregistré à des fins de comparaison avec les bruits métalliques non identifiés susceptibles d’apparaître dans les enregistrements.

Iñaki retourne au studio Metropolis le 7 août

L’expérience commença à 14H20 avec deux participants vraiment fatigués par les activités intensives des jours précédents. La lune allait être croissante le lendemain.

Pour l’un de ces enregistrements, on utilisa un CD de musique professionnelle qui mêle des chants de dauphins à des bruits d’eau ainsi qu’à une douce mélodie. Cette musique fut copiée sur le disque dur de l’ordinateur avant l’expérience pour pouvoir la comparer aux enregistrements qui allaient s’en servir comme bruit de fond. AC et Iñaki expérimentèrent ensemble avec ce support sonore.

Les deux microphones captèrent une voix masculine avec ce bruit de fond. Il apparut que cette voix était une confirmation du commentaire de Iñaki sur le fait que les voix EVP répondent parfois avant que l’opérateur ait posé la question s’y rapportant. Iñaki finissait en disant : « (Traduction)… ce fait signifie logiquement que votre temps est différent du temps qui s’écoule chronologiquement sur Terre ». La voix masculine dit en espagnol : « Es distinto sí ». (« Il est différent, oui »). Ce message apparaît à la minute 8’:17’’ des fichiers U87 CONDENSER_DOLPHINS et SM57 DYNAMIC_DOLPHINS . Les fichiers de cette expérience formelle furent dûment comparés au fichier original de musique et de chants de dauphins et on put s’assurer qu’aucun message ne figurait dans ce fichier.

D’autres séries de tests eurent lieu mais aucune nouvelle voix ne fut détectée.

  1. Expériences de 2009

Opérateurs

Le professeur Uwe Hartmann et son épouse, la Dr. Ingrid Hartmann arrivèrent d’Allemagne pour participer aux tests. L’opérateur espagnol Iñaki vint de Tolède pour prendre part à l’étude lui aussi.

Emplacements des tests

Les sites restèrent les mêmes que ceux indiqués plus haut pour les expériences de 2008.

  1. Expériences à l’Université

Les tests eurent lieu à l’Université de Vigo, une école supérieure d’ingénierie, plus précisément au laboratoire d’acoustique du département de télécommunications, le 23 juillet de 15H à 19H. La lune était nouvelle. La Dr. Anabela Cardoso (AC), la Dr. Ingrid Hartmann (IH), le professeur Uwe Hartmann (UH) participèrent comme opérateurs, et Marco Lima (ML) comme technicien du son.

Durant ces expériences, AC, IH et UH restèrent dans la salle d’enregistrement pendant que ML se trouvait dans le local technique afin de procéder aux enregistrements (voir le plan ci-dessous). Cette fois-ci, le matériel utilisé n’appartenait pas à l’Université.

On se servit de trois microphones : Sennheiser MD441 hypercardioïde utilisé avec un préamplificateur (propriété de UH), AKG C414 XLII dans un mode cardioïde (propriété de ML), Groove Tubes GT 57 en mode bidirectionnel (propriété de ML).

Ces microphones étaient reliés à une console de mixage (Xenyx 802 à 8 entrées et équipée de 2 préamplificateurs) et à l’ordinateur de ML situés dans la salle technique via le mur hautement insonorisé qui sépare les deux pièces.

Parallèlement aux expériences EVP, des mesures des champs électriques et magnétiques furent prises en continu. Pour ce faire, on utilisa un appareil de mesure 3D H/E Fieldmeter ESM-100 fabriqué par Maschek, Allemagne, dont le spectre d’action s’étend de 5 Hz à 400 KHz, et qui prend 2 valeurs par seconde. Cet instrument était relié à un ordinateur portable placé dans une petite chambre à côté du laboratoire acoustique à cause du bruit important généré par son disque dur.

Un autre ordinateur (ordinateur portable de AC) se trouvait dans le laboratoire afin de produire du bruit explicite pour les enregistrements.[6] (Voir le schéma).

On eut recours à deux types de bruits.

  1. a) Mélange de fréquences

Un fichier de bruit rose fut créé à partir d’un ordinateur de la salle technique et envoyé dans la salle d’enregistrement où il était diffusé par un haut-parleur.

  1. b) Mélange de phonèmes (pour le programme EVP maker déjà mentionné)

Deux fichiers WAVE en portugais (un poème que récita AC) et en allemand (un texte lu par UH) furent préalablement créés comme support pour le programme EVP maker. Ces fichiers vocaux furent inversés à l’aide du logiciel Sound Forge Pro et transféré dans le programme EVP maker au laboratoire d’acoustique ; EVP maker le divisa en petits fragments de mots qui avaient approximativement des longueurs de syllabes. Le résultat obtenu par le programme fut diffusé par un ordinateur situé dans la salle d’enregistrement par le biais des haut-parleurs intégrés dans l’appareil.

Procédure

Tout d’abord, on enregistra le bruit de fond naturel de la pièce, sans ajouter de bruit et en l’absence des expérimentateurs, puis on procéda à un nouvel enregistrement avec du bruit rose en guise de bruit de fond ; cet enregistrement s’effectua également en l’absence des expérimentateurs. Dans une troisième expérience, on enregistra le bruit de fond associé à du bruit blanc en la présence de deux expérimentateurs, IH et UH qui gardèrent le silence.

Une fois ces mesures préliminaires prises, on procéda à deux enregistrements. Les opérateurs AC, IH et UH étaient présents dans la salle d’enregistrement où on réalisa aux enregistrements :

– d’une conversation entre les opérateurs avec du bruit rose ; d’une discussion et de questions en anglais et en allemand (durée : 8 min 52 sec) ;

– d’une conversation entre les opérateurs avec ajout du bruit produit par le programme EVP maker. On exploita en premier lieu le bruit de fond de EVP maker formé à partir du portugais, puis on utilisa ensuite celui construit avec de l’allemand. On enregistra une discussion et des questions en anglais et en allemand (durée : 12 min). Au cours de tous les enregistrements, les champs électriques et magnétiques furent constamment mesurés grâce à l’appareil Fieldmeter en 3 dimensions qui inscrivit une donnée toutes les 0,5 secondes dans un fichier.

Enregistrements préalables aux expériences

On s’aperçut que des voix supplémentaires a priori anormales se trouvaient sur le disque dur et qu’elles avaient été enregistrées pendant la préparation des expériences au moment où l’on procédait aux vérifications des connexions et que l’on testait la position des microphones, le niveau des enregistrements, etc. À aucun moment ces enregistrements n’étaient censés être des expériences informelles comme celles citées plus haut où AC et Iñaki avaient discuté dans le couloir du laboratoire d’acoustique ; ces tests avaient été effectués uniquement pour des raisons techniques.

À la minute 01’:33,6’’, une phrase entière en portugais est enregistrée et semble avoir remplacé la discussion en anglais qui se tenait entre AC et UH. Cette voix féminine est très différente de celle de AC et dit avec une intonation chantante : « Estamos aqui nós todos ! » à -44,3 dB (« Nous sommes tous ici avec vous ! »). Cette phrase est plus nette dans les enregistrements réalisés avec les microphones Sennheiser MD441 hypercardioïde associé à un préamplificateur (fichier 441_01) et Groove Tubes GT 57 en mode bidirectionnel, mais elle est pratiquement inaudible avec le AKG C414 XLII en mode cardioïde. À 1’:39,5’’, une voix féminine dit à nouveau en portugais : « Nós estamos aqui, vamos ter respei[to] » (« Nous sommes ici, nous serons respect[ueux] ») avec un pic d’amplitude de -44,7 dB. Une fois encore, ce message semble avoir remplacé la voix de AC qui parlait à UH en anglais car ce dernier ne connaît pas un mot de portugais. L’amplitude de ces deux phrases, et de tout l’enregistrement, est très faible mais les deux messages deviennent parfaitement clairs et compréhensibles à quiconque maîtrise le portugais une fois amplifiés. Ces phrases sont survenues pendant que l’on testait le matériel. Les voix des expérimentateurs se parlant les uns les autres atteignirent un pic de seulement -36 dB dans l’enregistrement du Sennheiser MD441 et le bruit de l’environnement tourne autour de -45 dB, alors que le bruit de l’environnement est inférieur à -66 dB dans l’enregistrement du AKG C414 et à -63 dB pour le Groove Tubes GT57.

Voix enregistrées durant la préparation des enregistrements avec ajout de bruit rose

Des incidents sonores identiques se produisirent lors de la préparation des tests d’enregistrement utilisant du bruit rose ; deux voix féminines donnaient l’impression de s’exprimer de façon cohérente en portugais. Toutefois, la situation est complexe car les opérateurs se trouvaient dans la chambre pour préparer le matériel et étaient occupés à discuter, faisant parfois les deux en même temps. Il serait imprudent d’attribuer un caractère paranormal à ces voix car les niveaux d’enregistrement étaient en outre réglés bien trop bas et que ce fait ajoute à la confusion. Les voix et leurs messages, bien que clairs lorsqu’ils sont amplifiés et qui sont aisément compréhensibles pour quiconque le portugais est la langue maternelle, ne seront pas retenus dans la présente étude car ils sont trop faibles et trop entrelacés avec les conversations des expérimentateurs. Il est difficile de se faire un avis définitif sur leur nature même s’il reste possible que ces voix soient anormales et que leur formation soit probablement favorisée par les mêmes conditions qui obligent l’auteure à les rejeter, c’est-à-dire un environnement sonore confus.

Toutefois, durant la préparation de l’une de ces expériences, et avant la diffusion de bruit rose dans la chambre, on enregistra inopinément une voix par les différents moyens qui ont déjà été décrits dans ce rapport. AC entama une conversation avec IH pendant que UH procédait aux arrangements techniques en vue de l’expérience suivante. Lorsque AC interrogea brusquement IH au sujet de l’état de santé de Ernst Senkowski, IH marqua un temps d’hésitation en disant : « Ahn, Ahn, oui oui… » en attendant de trouver les mots anglais appropriés pour répondre. À ce moment (01’:35’’ des fichiers 441_13 ou 414_12), on peut entendre une voix masculine dire simultanément avec les exclamations d’Ingrid et comme si elle venait derrière sa voix : « Geisler ! » Elle présenta un pic d’amplitude de -31 dB (fichier 441_13) alors que les voix des opératrices variaient entre -25 dB et -34 dB dans le même fichier. L’expérience formelle débutait à 02’:11’’ du même fichier.

Les connaissances limitées en allemand de AC ne lui permirent pas de déterminer le sens de « Geisler », un mot plutôt inhabituel. Selon le dictionnaire, il peut désigner plusieurs choses comme le découvrit UH que ce mot étonna aussi : «Spartiate/ascétique/fakir/otage/une fraternité dont les membres avaient l’habitude de se flageller en chantant le « Geißlerlieder » aux 13ème et 14ème siècles/massacre de petits animaux ». Sachant cela, on décida de demander au professeur Ernst Senkowski s’il avait une idée sur ce que pouvait signifier ce mot entendu dans une conversation à son sujet.

Voici des extraits de sa réponse à l’auteure :

De : Dr. Ernst Senkowski

Envoyé le : 21 décembre 2010, à 12:28

Destinataire : Anabela Cardoso

Objet : Re : interview

Chère –a –

Le mot GEISLER est un succès transpersonnel à 100%!!!!

  1. GERT GEISLER fut longtemps le rédacteur en chef du magazine ESOTERA de Fribourg. Je ne suis pas sûr d’avoir jamais en contact personnellement avec lui, mais j’ai dû l’être avec DETERMEYER puisque ce dernier a publié deux articles sur la TCI (EVP) dans ce journal en 1979 et 1980.
  2. Il est remarquable que le nom GEISLER soit ressorti lorsque vous avez parlé de SENKOWSKI.
  3. Je vais désormais répondre à vos questions au sujet des HARSCH (Harsch-Fischbach) et il me faut évoquer le cas de l’image qui est apparue en noir et blanc pendant 70 secondes au Luxembourg le 4 décembre 1988. Après que Harsch soit parvenu à la faire publier, DELAVRE l’a retrouvée plus ou moins par hasard en juin 1989 sous la forme d’une image en couleur dans ESOTERA du 3/1987… »

Il semblerait qu’une synchronicité exceptionnelle ait eu lieu ici. Ni AC ni les opérateurs allemands n’avaient perçu la présence de cette voix durant leur écoute attentive des enregistrements des expériences de 2009, que ce soit ensemble ou séparément. AC l’entendit la première fois aux alentours du 18 décembre 2010, alors qu’elle travaillait simultanément sur le présent rapport et à une interview avec le Dr. Senkowski à propos d’événements qui incluaient notamment le cas d’une image anormale qu’avaient obtenue les expérimentateurs Maggy et Jules Harsch-Fischbach et qui était très proche de l’image parue dans le magazine Esotera (Cardoso, 2010) dont Gert Geisler était rédacteur en chef. Ernst Senkowski travaillait quant à lui sur les questions que AC lui avait envoyées et il pensait spécifiquement à ce cas au moment précis où il reçut l’e-mail de AC l’interrogeant au sujet du mot « Geisler ». À l’heure qu’il est, et malgré les nombreuses recherches entreprises, il n’a pas été possible de déterminer où vit Gert Geisler ni même s’il est mort ou vivant.

Expériences avec des phonèmes humains comme support

On ne détecta aucune voix dans les expériences formelles où le programme EVP maker servit comme source de bruit explicite. Néanmoins, des voix claires apparurent sur le disque dur au cours des tests d’enregistrements qui eurent lieu avant le début des expériences formelles.

L’une des plus intéressantes prononça le mot « Uwe » (le prénom de l’un des expérimentateurs) à 01‘:31’’ dans le fichier indiqué plus loin. Bien que ce mot ait une très faible amplitude (-45 dB), il reste très net. Il apparaît dans une pause de la conversation qui se tenait entre UH et AC alors qu’il n’y avait pas de bruit de fond. Uwe et Anabela discutaient alors de l’installation et testaient le matériel ; le logiciel EVP maker n’était pas en fonction. Avant cette voix, on peut entendre deux cliquetis métalliques très légers d’origine indéterminée. Aucun autre son n’est perceptible dans l’enregistrement lorsque cette voix a été enregistrée et, de ce fait, malgré sa faible amplitude, le mot « Uwe » (avec un accent sur la dernière syllabe) est nettement audible et compréhensible pour toute personne jouissant d’une audition normale. Ce mot semble être prononcé par une voix de vieille femme ; UH et IH pensèrent à la grand-mère décédée de UH. Fort heureusement, on avait conservé cet enregistrement qui avait pourtant été réalisé en dehors de toute expérience.

Ensuite, une voix présente dans l’enregistrement et apparemment anormale déclarait en portugais « Há record » (Ça enregistre) ; le mot anglais « record » est prononcé avec un accent portugais typique (recór). Cette phrase apparaît une seconde après que UH ait lancé le bruit de fond de EVP maker à 02’:21’’ et se trouve précédée par deux cliquetis sonores probablement produits par la souris de l’ordinateur. Une fois encore, il est intéressant de noter que cette voix manifestement anormale survient juste après les cliquetis (quelle que soit d’ailleurs la nature de ceux-ci). Durant cette étude, l’apparition de cliquetis et de bruits métalliques à l’origine indéterminée précédant immédiatement des voix supposément anormales se produisit dans bon nombre d’expériences. La voix féminine est différente de la voix inversée de AC que diffusait le logiciel EVP maker et semble provenir d’une position spatiale différente ; on peut l’entendre dans le bruit de fond construit à partir du discours haché que déclame la voix inversée de AC. Bien qu’elle soit clairement audible et intelligible, cette voix est plus douce que le charabia diffusé par EVP maker. Le message est pertinent par rapport à la situation puisque l’enregistrement formel était sur le point de démarrer.

Une autre voix anormale, claire, forte et très à propos avec le contexte, dit « Certamente assim » (« Certainement, oui »). La voix peut être entendue à 04’:13’’ au moment où AC achève un bref échange avec IH au sujet des inconvénients de EVP maker en disant : «… il est très facile de comprendre des choses [dans le bruit de fond] qui ne s’y trouvent pas » en faisant bien sûr allusion à la paréidolie. Le fait que cette voix féminine et jeune ait un accent brésilien et que son message corrobore la déclaration de AC au sujet du caractère inadapté de EVP maker pour les tests sérieux est naturellement un facteur de grande importance quand se pose la question de définir la nature anormale de cette phrase.

D’autres faits de ce genre, peut-être anormaux eux aussi, furent détectés lors de la réécoute. L’un d’eux, à 03:17’’, ressemblait à « Sprachen ! » (en allemand « dit » ou « parlé ») ; ce mot apparut aussitôt après que AC ait demandé « Que faisons-nous ? ». Le programme EVP maker avait été préparé avec un fichier en portugais inversé ; or, ce mot sonnait allemand. On trouva un autre message, moins net, à la fin de l’enregistrement quand UH dit fortement au technicien du son « Arrête ! [d’enregistrer] ». Une voix masculine, différente de celle de UH qui avait servi dans le bruit de fond de EVP maker, est audible dans l’enregistrement et dit : « They stop it » (« Ils l’arrêtent ») à 11’:56,58’’.

On ne détecta pas d’autres voix dans l’expérience formelle qui se servit du bruit de fond de EVP maker comme support sonore et qui ne démarra qu’à 04’:37’’.

Mis à part le mot « Uwe » qui est apparu alors qu’il n’y avait pas de bruit, la question importante concernant les autres voix qui ont été évoquées est de savoir s’il s’agit effectivement de manifestations anormales ou de la formation aléatoire de phonèmes par le logiciel EVP maker qui se révèlent être en rapport avec la question ou la situation. Il est extrêmement difficile d’établir une réponse de manière définitive à cause du haut degré d’incertitude qu’introduit cette méthode ; les voix évoquées ici sont mentionnées en raison de la pertinence de leurs messages avec le contexte et surtout l’accent brésilien de l’une d’elles, mais il ne faut pas perdre de vue cette question. Ces trois voix féminines supposément anormales (« Há record », « Certamente assim » et « Sprachen ») sonnent toutes différemment les unes des autres. Il est possible d’entendre ces voix dans les trois enregistrements (Fichiers 441_14, 414_13, et fig8_14) mais à des amplitudes différentes.

Comme cela a déjà été souligné pour les autres expériences, une caractéristique remarquable de ces voix inexpliquées qui ont été enregistrées au laboratoire d’acoustique avant le début des expériences formelles est qu’elles se sont manifestées dans une situation de confusion créée involontairement par le technicien du son ML. ML ne connaissait pas le laboratoire et il lui fallut procéder à des réglages et tester les appareils à plusieurs reprises. Ces essais et plusieurs enregistrements préliminaires effectués avec différents microphones sophistiqués durèrent approximativement deux heures.

Mesures

On ne détecta aucun changement dans les champs électriques et magnétiques mesurés lors de l’apparition des voix. Le champ électromagnétique demeura constant dans toutes les dimensions mesurées au cours de l’ensemble des enregistrements avec les valeurs suivantes :

Ex 1,3… 2,0 V/m, Ey 19,6… 20,7 V/m, Ez 25,0 … 29,2 V/m

Hx 8… 9 nT, Hy 7… 8 nT, Hz 7… 8 nT

La température resta constante durant ces mesures, 23 °C (grâce à l’air conditionné), l’humidité était de 56% et la pression de l’air 957 hpa.

  1. Expériences au studio Metropolis

Une autre série d’expériences eut lieu à Vigo, au studio Metropolis, le 26.07.2009 de 21 heures à 23 h 30. La lune était croissante. La Dr. Anabela Cardoso, la Dr. Ingrid Hartmann, le Prof. Uwe Hartmann, José Ignacio Carmona (Iñaki) et le technicien du son Alfonso Garcia Agulla (Esky) participèrent à ces tests.

Matériel utilisé pour ces expériences

Au cours de ces tests, AC, IH UH et Iñaki prirent place dans la salle d’enregistrement pendant que Esky et deux techniciens du studio se trouvaient dans la salle technique pour s’occuper de l’enregistrement (voir le schéma ci-dessous). [7] La glace à double-vitrage permettait un contact visuel entre les opérateurs et les techniciens afin de permettre l’échange d’instructions. On se servit de l’équipement suivant :

— microphone Sennheiser MD 441 hypercardioïde (avec préamplificateur) (propriété de UH)

— microphone Neumann U87 en mode omnidirectionnel (propriété du studio)

— microphone SM58 dynamique (propriété du studio)

— l’ordinateur Mac du studio Metropolis équipé du logiciel professionnel Pro Tools et connecté à une console située dans la pièce technique.

Source de bruit

Une source de bruit rose additionnelle était directement générée par l’ordinateur Mac du studio et transmise depuis la pièce technique à un haut-parleur de la salle d’enregistrement. On eut recours à du bruit rose plutôt qu’à du bruit blanc du fait de sa plus grande souplesse.

Procédure

La température resta constamment à 20 °C grâce à l’air conditionné. On effectua deux enregistrements :

— un enregistrement d’une conversation entre AC, IH, UH et Iñaki sans ajouter de bruit (durée : 20 min 30 sec).

— un enregistrement d’une discussion et de questions entre AC, IH, UH et Iñaki avec ajout de bruit rose.

Lors du second test, les opérateurs firent particulièrement attention à s’exprimer clairement et suffisamment fort, et on s’efforça d’éviter tout bruit inutile durant ces enregistrements. On sépara nettement les conversations et les pauses. Les propos des opérateurs (courts) étaient suivis d’une longue pause. Une atmosphère de relaxation régnait pendant ce test.

Résultats

La première expérience consistait en une discussion informelle entre les opérateurs sans ajout de bruit explicite ; une voix apparemment anormale fut recueillie. Une douce voix féminine, très belle et mélodieuse, prononce ce que l’on peut facilement percevoir comme étant « altus ». Ce mot est nettement audible mais ce message n’avait aucune signification manifeste avec le contexte. Toutefois, comme cette voix semblait avoir un accent étranger, pouvait-ce s’agir du début de « altered state » (« état modifié ») ? De plus, la voix semble continuer faiblement mais est « écrasée » par la forte voix de AC qui suit aussitôt après. Il est à noter que la voix a été enregistrée lors d’une conversation au sujet des états modifiés de conscience après que Iñaki ait décrit en espagnol (il ne parle pas anglais) les expériences EVP qu’il mène habituellement, affirmant qu’il obtient de meilleurs résultats tard la nuit lorsqu’il est extrêmement fatigué et qu’il sombre dans un état de conscience semi-altéré. AC s’apprêtait à traduire ses explications pour les Hartmann mais fit une pause et prononça quelques mots en espagnol avant de commencer à s’exprimer en anglais. La voix apparut entre les quelques mots de AC en espagnol et sa traduction en anglais. La signification de ce mot devra restée ouverte.

La voix a un pic d’amplitude d’environ la moitié de celle de l’opératrice. Elle est plus forte dans l’enregistrement du microphone U87 à condensateur (l’amplitude de la voix de l’opératrice est de -14 dB alors que celle de la voix anormale de -25,5 dB dans l’enregistrement du U87) (fichiers U-87_01, md441_01 et sm58_01 à 19’:13’’).

Aucune voix ne fut détectée dans l’expérience qui consista à poser des questions sur fond de bruit rose.

Expérience non dirigée près de la ville de Mondariz en Galice, Espagne, le 25 juillet

On mena une expérience informelle lors d’une excursion au site cité ci-dessus. Il faisait chaud, et les trois opérateurs, AC, IH et UH s’assirent à proximité d’un magnifique cours d’eau, le Além, pour discuter et poser des questions aux communicateurs invisibles, le tout dans une atmosphère agréable et détendue. Le doux bruit de l’eau servit de bruit de fond ; l’ambiance était sympathique. La lune était croissante. On n’enregistra aucune voix proprement dite ; néanmoins, on décela des murmures que l’on ne retiendra pas dans cette étude : leurs trop faibles amplitudes et le fait qu’ils soient trop entremêlés avec le bruit de l’eau empêchent toute interprétation et classification fiables puisqu’il peut être question de paréidolie. Je mentionne cette expérience uniquement pour comparer l’état d’esprit psychologique des participants à cette occasion à celui qui prévaut dans les autres expériences et les arrangements préliminaires où la tension et la fatigue étaient bien plus grandes.

Conclusions

La réalité des voix électroniques apparemment anormales fut confirmée dans des environnements acoustiquement contrôlés avec différents opérateurs.

À l’exception des voix de la radio du 17 juin 2008, aucun des murmures ou aucune des voix décrits dans le présent document ne furent entendus en direct durant les tests. Des voix supplémentaires, provenant de sources indétectables, furent identifiées dans les situations suivantes :

  1. Lors de discours dirigé et dans un environnement sonore contrôlé : AC comme unique opératrice au studio Metropolis et à l’Université de Vigo ; Iñaki à l’Université de Vigo et au studio Metropolis.
  2. Dans un environnement sonore contrôlé et lors d’un discours libre : AC, les opératrices portugaises et les participants (PN et Francisco) au studio Metropolis ; AC, IH et UH à l’Université de Vigo ; les mêmes personnes et Iñaki au studio Metropolis.
  3. Dans un environnement sonore non contrôlé et lors d’un discours libre : AC et les opératrices portugaises hors de la chambre acoustique de l’École Supérieure d’Ingénierie ; AC et Iñaki au même endroit.

Les voix semblent profiter de la présence de bruit dans l’environnement (notamment lorsqu’il s’agit de paroles et de cliquetis métalliques). Les très rares voix enregistrées en l’absence de bruit explicite présentent une amplitude bien plus basses que celles enregistrées avec ce genre de support. L’amplitude des voix semble être à relier au niveau du bruit de fond de l’environnement dans la pièce au moment où elles apparaissent. Il existe sans doute d’autres facteurs, mais ces derniers demeurent indéterminés et nécessitent davantage de recherches.

Les voix sont plus fortes, plus claires et plus abondantes lorsque se déroule une conversation non dirigée entre deux ou trois personnes, indépendamment du fait que l’environnement soit acoustiquement contrôlé ou non. Mais elles semblent surtout avoir tiré profit des situations où les échanges entre opérateurs étaient passionnés et énergiques, et peut-être aussi quand l’atmosphère était détendue et amicale ; en revanche, on dirait qu’elles aient été négativement affectées lorsque les opérateurs s’étaient focalisés sur l’expérience.

Les voix semblent tirer parti d’une situation légèrement désordonnée : AC, opératrices portugaises, PN et Francisco au studio Metropolis ; AC, IH, UH et le technicien du son ML au laboratoire d’acoustique.

Les voix n’ont pas semblé être significativement plus abondantes lorsque l’on a eu recours à un support artificiel utilisant la voix humaine (psychophone et EVP maker) comme source de bruit de fond.

L’expérience a montré que l’emploi de supports comme le psychophone ou le logiciel EVP maker donnaient des résultats très peu fiables non pas parce qu’ils généraient des bruits de fond de mauvaise qualité pour la production de voix, mais parce qu’ils représentaient de toute évidence une source d’incertitude et d’ambiguïté lors de la phase d’analyses. Ils peuvent être à l’origine de paréidolie et/ou de significations orientées. En particulier avec EVP maker, il est facile de trouver des significations dans les séances d’enregistrements là où il n’y en a pas. En outre, une interprétation erronée du contenu de messages possiblement anormaux détectés dans les enregistrements est très probable. La plupart des messages obtenus en EVP et publiés sur internet tombent dans l’une de ces catégories.

Le matériel employé et les sites choisis pour les tests n’ont pas paru avoir d’importance dans la formation des voix, bien que le microphone très sensible Brüel&Kjaer utilisé lors de certaines expériences à l’Université a capté plus de voix que les autres microphones.

Les messages de toutes les voix qui ont été enregistrées au cours des tests, à la possible exception de « altus », étaient pertinents avec la situation et/ou le ou les opérateur(s).

Les résultats de la présente recherche permettent à l’auteure de corroborer pleinement les propos du professeur Alex Schneider, le scientifique suisse de Saint Gallen qui suivit de près, étudia et réitéra certains des travaux de Raudive, lorsqu’il déclare dans l’appendice de Breakthrough :

« D’autres chercheurs choisissent le moment où un transmetteur commence à émettre l’onde porteuse pour se mettre à transmettre un texte ou autre chose qui sera prononcé lentement et où les pauses entre les groupes de mots sont si marquées qu’il est possible d’intercaler des indicatifs. Il apparaît qu’un vecteur est nécessaire, ou, en tout cas, préférable… Un nombre de voix laissent penser qu’elles se sont formées à partir du spectre du bruit homogène par quelques processus physiques inexpliqués. » (ibid, pp 340-341).

Enfin, lorsque l’on observe les résultats de l’étude, il reste à répondre à la question de savoir s’il existe des parallèles entre le phénomène des voix électroniques supposément anormales et d’autres événements paranormaux présumés d’une autre nature. Apparemment, l’une des caractéristiques propres aux phénomènes paranormaux est leur survenue dans des situations que l’on ne peut pas facilement contrôler. Je terminerai en citant le professeur Hans Bender :

« En admettant que nous acceptions provisoirement la réalité des « fantômes », les tentatives de capturer ces phénomènes par des photographies, des vidéos ou des enregistrements sonores se heurteront à la difficulté qui veut que ces manifestations se dérobent apparemment à ce genre d’entreprises. Cela donne presque l’impression que des forces intelligentes se moquent de l’observateur et qu’elles produisent un phénomène seulement là où il ne pourra pas être capturé » (Bender, 1979).

Notes

[1] : Toutes les valeurs d’amplitudes citées se réfèrent aux pics de valeur mesurés par le logiciel Sound Forge Pro 10.0.

[2] : Bien qu’aucun microphone n’ait été placé très près des participants et que l’on n’ait pas utilisé de laryngographe, il est possible que des expertises médico-légales parviennent à déterminer si les voix analysées ici appartiennent à l’une des personnes ayant pris part à la conversation.

[3] : Toutes les questions aux présumés communicateurs n’étaient pas préparées à l’avance mais posées spontanément au cours de l’expérience.

[4]: Le « r » est pratiquement inaudible.

[5] : Le « o » du mot « pero » est inaudible.

[6] : Le psychophone que l’on peut voir en b) ne fut pas utilisé pour cause de dysfonctionnement.

[7] : Ce plan montre l’installation technique du studio Metropolis. Seuls les appareils, le nombre et l’identité des participants changèrent au fil des expériences

 

Bibliographie

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Interview d’Anabela Cardoso par Jean-Michel Grandsire réalisée en juin 2012 (cliquez ici ou sur l’image lancer la vidéo)

 

 

 

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